Interview Ingénierie du Futur avec Sylvie Cassan et Marc Simon – SYSTRA, une entreprise leader ayant ouvert la voie du BIM Infra pour un déploiement à très grande vitesse !

Nous avons le grand plaisir et l’honneur de recevoir cette semaine la plus grande et prestigieuse ingénierie française du domaine du ferroviaire, des infrastructures et de l’urbain, la société SYSTRA qui est à la pointe de l’innovation et du BIM depuis maintenant de nombreuses années. Elle a d’ailleurs été à maintes reprises récompensée pour son excellence BIM.

Sylvie Cassan, Directrice du Développement Commercial SYSTRA France & International Services et Marc Simon, en charge du déploiement du BIM en France nous font le plaisir de répondre à nos questions et d’éclairer nos lectrices et lecteurs.

Bonjour Sylvie et Marc, nous sommes ravis et honorés d’accueillir une ingénierie aussi prestigieuse que la vôtre sur ABCD Blog et de vous recevoir tous deux car votre implication et vos rôles sont clés dans la réussite de votre Grande Entreprise. Pourriez-vous tout d’abord vous présenter et nous parler brièvement de votre parcours professionnel ?

Sylvie : bonjour Emmanuel, j’ai été Directrice du projet BIM lors de la phase déploiement en France de 2016 à 2018 ; depuis 2019, je suis Directrice du Développement Commercial et conserve à ce titre le développement du BIM en lien avec les clients. Ma formation initiale d’urbaniste, doublée d’un eMBA à HEC m’ont aidé dans le pilotage de cette transformation.

Marc : bonjour Emmanuel, je suis Directeur Opérations Data Management, responsable du déploiement du BIM et de la Data pour les projets de SYSTRA en France et pour les productions en contributions internationales depuis la France.

Systra est l’une des grandes ingénieries françaises qui rayonne à l’international. Pourriez-vous pour nos lecteurs présenter l’entreprise, ses domaines d’activités, son organisation et sa couverture géographique ? Couvrez-vous notamment la phase conception et construction et aussi gestion et maintenance ?

SYSTRA est une société de conseil et d’ingénierie qui compte plus de 7300 collaborateurs dans le monde avec une part d’activité à l’export de l’ordre de 70 %. SYSTRA existe depuis plus de 60 ans. Son activité concerne historiquement le domaine des transports guidés et couvre aujourd’hui l’ensemble des mobilités. SYSTRA développe une large palette de services au service du développement urbain et de l’aménagement du territoire, autour de la transition écologique et énergétique. SYSTRA intervient sur tout le cycle de vie, dès les études préliminaires, de la conception jusqu’aux phases de réalisation, tests et mise en service, ingénierie d’exploitation et de maintenance. A toutes ces phases, le BIM est intégré dans nos process.

Quelle est la stratégie liée au développement durable de Systra et comment le numérique et le BIM vous permettent-ils d’atteindre vos objectifs ?

Notre métier est de créer des solutions de mobilité favorisant l’accès aux territoires, aux services, la circulation des personnes et des biens. Le développement durable pour SYSTRA va au-delà d’une approche réglementaire : il est intrinsèque à nos projets. Dans un contexte d’urgence climatique et de transition énergétique, nous nous focalisons tout particulièrement sur la gestion des ressources (biodiversité, eau…) et sur la maîtrise de l’empreinte carbone, avec notre solution CARBONTRACKER qui est un bon exemple de l’exploitation de la donnée BIM pour accélérer l’intégration de l’écoconception dans nos missions d’ingénierie.   

Sur quels types de projets travaillez-vous le plus fréquemment ? Sont-ce essentiellement des projets d’infrastructures ferroviaires ? Gérez-vous aussi la partie signalisation, flux des personnes, exploitation et maintenance ?

Nous travaillons sur tous types de projet d’infrastructure avec la particularité d’intégrer, outre des bâtiments, des ouvrages linéaires qu’ils soient routiers, ferroviaires ou liés à des réseaux d’énergie. Concernant les ouvrages ferroviaires souterrains ou aériens, sont impliqués chez SYSTRA dans la production BIM les métiers de la voie, de l’énergie, mais aussi de la signalisation.    

La question de l’exploitation et de la maintenance est intégrée dès notre conception : avec le BIM, notre objectif est de structurer au plus tôt les données livrées à l’exploitant et au mainteneur.

Quel est le ratio entre les projets en France et à l’international ? Et quelles sont vos grandes réalisations ?

Le ratio est de 2/3 de projets à l’export : en France les projets clés déployés en BIM sont le Grand Paris depuis 2013, tant dans nos missions de MOE que d’AMO Systèmes, d’ATMO, de MOE matériel roulant et automatismes de conduite, le métro de Toulouse, là aussi tant côté MOE qu’AMO, MOE de TELT (Tunnel Lyon Turin Ferroviaire) mais aussi des projets de modernisation du réseau ferroviaire : Bry Villiers Champigny, Saint Jean-de-Maurienne mais aussi des projets de plus petite taille : halte de Sainte Musse, Pôle d’échanges de Cagnes sur Mer, des projets de tramway comme la ligne 13 express en Ile de France… ou bien encore des projets où nous assistons la MOA dans le déploiement du BIM sur projet, comme par exemple  pour le Pont Anne de Bretagne auprès de Nantes Métropole.

Gare de Bry Villiers Champigny – © SYSTRA, 2021

A l’export,  nos projets actuels les plus significatifs sont HS2 le projet de grande vitesse Londres Manchester, OLP3 la ligne grande vitesse à Ostlanken en Suède, Etihad Rail Phase 2 l’extension du réseau des Emirats Arabes Unis ou bien plus récemment le projet de DUROY au Canada…

HS2 – © SYSTRA, 2021

En tant que grande ingénierie, quand avez-vous effectué le virage du BIM et quelles en étaient les raisons majeures ? Etait-ce lié à une demande forte de la maîtrise d’ouvrage ou était-ce inscrit dans votre stratégie en tant que grande entreprise innovante ?

Nous avons initié le BIM dès 2013. Nous avons mis en place un programme dédié en 2015 avec une déclinaison française en 2016, une impulsion stratégique forte du COMEX. A l’export, il s’agissait de répondre aux exigences de nos clients, déjà fortes. En France, nous avons anticipé les demandes de nos grands donneurs d’ordre. Les demandes croissantes de nos clients nous ont conforté dans cette direction. Du fait de notre positionnement marché, nous avons effectivement ouvert la voie du BIM pour l’infrastructure en France comme à l’international.

Quand et comment avez-vous effectué cette transition numérique et quels moyens et organisation avez-vous mis en place ?

Le BIM a été placé très tôt au cœur de la transformation digitale qui affecte tous nos process. Dès l’origine du projet, une organisation dédiée a été mise en place, au niveau du groupe sous la direction d’Eric Pruvost et en France où j’étais Directrice du projet BIM. Les avancées de notre déploiement du BIM en France fin 2015, ont permis de passer à un mode plus industrialisé avec l’intégration des équipes dédiées de BIM managers, de CDE et Data managers au sein de notre direction des Opérations, sous la Direction de Marc Simon. Le projet BIM continue avec pour vocation aujourd’hui de faciliter le déploiement du BIM sur les projets, de continuer à capitaliser, d’impulser de nouvelles innovations liées au BIM et à la Data au sein des projets par le biais de POC (Proof Of Concept). Nous continuons également de décliner des formations en interne pour achever la montée en maturité des équipes sur projets.

Quelle stratégie numérique et technologique avez-vous mis en place ?

Notre stratégie BIM repose sur 3 fondamentaux, l’utilisation des nouvelles technologies pour renforcer notre efficacité dans la création de la donnée, pour renforcer nos processus de pilotage de nos projets et garantir la maitrise de la gestion de l’information et enfin pour développer des services et solutions permettant d’exploiter cette donnée et d’apporter encore plus de valeur à nos clients.   Nous intégrons le BIM dans tous les métiers de SYSTRA et nous structurons la Data sur tout le cycle de vie. Nous concentrons nos efforts actuels sur les phases travaux et exploitation / maintenance en nous appuyant sur nos BIM managers et Information managers.

Avez-vous notamment réorganisé les rôles et responsabilités de chacun ?

Nous avons « BIMisé » tous les métiers de l’ingénierie et toutes les organisations projets, en commençant par les équipes de production et de coordination, puis de Direction des projets. La maturité d’une équipe se mesure à celle de l’équipe de management de projet. Pour les projets qui démarrent, notre principe est de faciliter la prise en main du BIM avec des experts BIM en appui.

Quels sont les grandes étapes d’une telle mutation ? Les écueils éventuels mais aussi les bénéfices et retours sur investissement que vous en avez tiré ?

Il faut s’assurer d’avoir tout d’abord un alignement de la direction. Ensuite des équipes projet. L’adoption du BIM passe par beaucoup de pédagogie, d’accompagnement du changement à la fois collectivement et individuellement car les craintes, voire les résistances au changement sont partout.

Un des effets d’accélération de l’adoption est quand le BIM est une exigence de nos clients. Les équipes projets bénéficient par ailleurs du travail en central des process BIM mais aussi de défrichage des contraintes techniques, relativement élevées car les outils BIM du marché pour le linéaire et le secteur du ferroviaire sont encore en développement. Nous avons maintenant des réponses stables.

Traitez-vous dorénavant tous vos projets en BIM ou y-a-t-il une taille et/ou un montant de travaux critique ?

Nous traitons maintenant tous nos nouveaux projets en BIM, quelle que soit leur taille. Pour des anciens projets, nous sommes en capacité d’appliquer des méthodes de rétro-ingénierie  pour passer en BIM si le besoin se fait sentir.

Quels sont les projets développés en BIM dont vous soyez les plus fiers et pour quelles raisons ?

Les projets du Grand Paris et HS2 (High Speed Train au Royaume-Uni) sont des projets de taille exceptionnelle qui ont soutenu la dynamique du BIM, à la fois dans le déploiement mais aussi comme accélérateurs d’innovation. Nous continuons de progresser et d’apprendre tous les jours grâce à ces projets. Au-delà de ces projets emblématiques par leur échelle et leur niveau d’exigences, nous avons une myriade de projets de plus petite taille et de nature différente où le BIM est déployé : c’est aussi l’occasion de déployer de nouveaux cas d’usages. En synthèse, tous les projets sont porteurs de retours d’expérience, que nous nous attachons à capitaliser, tant au niveau des difficultés rencontrées que des facteurs clés de réussite.

Comment les technologies Autodesk déployées jouent-elles un rôle clé dans l’excellence de votre savoir-faire ?

Les technologies Autodesk sont aussi utilisées au quotidien que ce soient les solutions de production CAO/BIM, la solution de gestion de l’information BIM 360 mais aussi la plateforme Autodesk Forge qui nous permet de développer nos solutions d’exploitation de la donnée BIM.

D’ailleurs, comment collaborez-vous avec Autodesk au quotidien et est-ce un apport essentiel ?

Au-delà des outils qui restent une base solide pour nombreux de nos projets, Autodesk a été un partenaire clé dans la phase d’initialisation en nous apportant son expertise et aujourd’hui encore sur nos travaux d’innovations autour du BIM.

L’innovation est au cœur de votre ADN. Vous développez notamment des solutions qui vous sont propres permettant d’automatiser et d’accélérer la production telles que Prestress et d’autres ? Pourriez-vous nous parler de cet aspect ?

Nous avons la particularité d’avoir associé dès les premières phases de déploiement les équipes métiers à nos équipes de déploiement BIM avec une recherche d’amélioration de nos process et de notre production. Effectivement, cela a abouti au développement de notre portefeuille de solutions BIM in One Click.

Le cœur de cette solution est d’offrir aux modeleur une fonctionnalité clé dans la modélisation d’ouvrage linéaire qui est le placement des objets suivant l’alignement du projet en prenant en compte bien sûr les règles du métier et en capitalisant sur les bibliothèques d’objet. Ce travail qui a été primé au travers de 2 BIM d’Argent sur les projets de métro de Toulouse (2017) et Bogota (2018) a été initié sur les ouvrages d’art des infrastructures de métro aérienne. Depuis, de nombreux autres modules ont été créés que ce soit pour les tunnels, la voie, les gabarits ferroviaires ou encore les caténaires.

1ère ligne de métro aérienne de Bogota – © SYSTRA, 2021

Nous avons également développé une solution pour aider nos modeleurs dans la conception des ouvrages d’art précontraints avec la solution Prestress et actuellement nous investissons beaucoup dans le développement de solutions de gestion de la donnée BIM autour de la plateforme Forge.  

Quels sont vos éléments différentiateurs par rapport à vos concurrents et confrères ? Qu’est-ce qui fait votre force ?

Selon nous, notre force est liée à 5 facteurs : le niveau d’impulsion du déploiement du BIM dans notre organisation, l’effort financier consenti pour ce déploiement, la mise en place d’équipes dédiées en central permettant de capitaliser entre projets en France et entre avancées pays, au sein de notre Groupe à l’empreinte mondiale, la forte intégration du BIM à nos métiers ; dernier facteur et non des moindres, que le projet a été construit comme une transformation technologique mais aussi organisationnelle, l’humain étant au cœur de cette mutation.

Vous avez été primés à plusieurs reprises aux BIM d’Or, notamment pour les Métros de Toulouse et de Bogota, félicitations. Est-ce que cela a changé quelque chose dans votre quotidien ou votre manière de faire ? Est-ce que cela vous pousse à aller encore plus loin ?

Ces 2 distinctions en 2017 puis 2018 dans les catégories BIM Infrastructure France et International ont apporté tout d’abord de la reconnaissance aux équipes projet et aux équipes de déploiement. Elles nous ont aussi permis de mettre en avant en interne SYSTRA les pionniers de la transformation, en actant les réussites des équipes qui ont eu l’audace de développer et d’innover, ce qui est une valeur forte au sein du Groupe SYSTRA.

Métro de Toulouse – © SYSTRA

Où en êtes-vous des approches telles que la conception générative ou l’intelligence artificielle ? Est-ce un axe fort de développement pour vous ?

Nous avons initié un Proof of Concept en 2019 sur le generative design appliqué à la conception fonctionnelle des stations de métro. Si vous souhaitez avoir plus de détail vous devriez pouvoir consulter le REX que nous avons fait sur le sujet lors du dernier Autodesk University qui est disponible sur internet ici. Même si nous n’avons pas atteint tous nos objectifs, nous avons beaucoup appris et cela nous a permis de mieux définir nos actions en cours qui testent les possibilités de l’IA. Je ne peux toutefois pas vous en dire plus à ce stade, sauf que c’est effectivement un axe fort de nos travaux d’innovation. 

La réalité virtuelle et augmentée est-elle importante dans vos workflows ?

Nous avons initié la réalité virtuelle sur les gares du Grand Paris notamment pour nous assurer en complément de nos experts flux, du caractère intuitif des circulations en gare qui ont la particularité d’être profondes (30 à 50 m pour la plus profonde). Nous utilisons la réalité virtuelle à l’heure actuelle principalement pour de la communication, mais aussi de la formation dans le cadre de l’activité de notre entité SYSTRA Académie dédiée aux risques ferroviaires avec la capacité à appréhender en toute sécurité l’effet de souffle des trains. 

SMI VITRY Modélisation plateforme voie et poteaux caténaires – © SYSTRA

Quels types de simulations faites-vous grâce au BIM ? Flux de personnes, fluides, incendies, catastrophes, etc. ?

Nous avons intégré aux maquettes des bâtiments les modélisations de flux de voyageurs ; c’était notamment le cas lors du challenge Hyperloop que nous avons remporté en 2016.

Nous avons également modélisé le comportement d’une gare du Grand Paris en matière acoustique pour s’assurer de l’intelligibilité des messages au regard du bruit ambiant des équipements tels que les escaliers mécaniques par exemple,…).

Nous avons été aussi pionniers dans la convergence des données BIM et SIG, environnement « naturel » des données de territoires pour les projets d’infrastructure de plusieurs dizaines de kilomètres pour les projets de transport urbain, plusieurs centaines de kilomètres pour les projets ferroviaires.

Par ailleurs, faites-vous converger la simulation de vos projets « bâtiments », avec les véhicules, trains qui sont à l’intérieur en permettant notamment à des conducteurs de simuler le pilotage d’un train ou d’un métro sur des lignes et d’anticiper le fonctionnement des signalisations, notamment grâce à l’intelligence artificielle ?

Sur les sites de maintenance nous avons confronté effectivement la volumétrie intérieure des bâtiments, notamment au niveau des structures, des équipements de passerelles avec les gabarits des trains, mais aussi le positionnement des portes palières.  

Lors du projet pour la SNCF sur la Gare d’Issy RER, nous nous étions assurés directement dans la modélisation lors des études de conception, du maintien de la visibilité des signaux par le conducteur du train.   

Gare RER d’Issy-les-Moulineaux – © SYSTRA, 2021

D’ailleurs, l’autonomie des métros et trains est-elle de plus en plus présente et le BIM aidera-t-il à la simuler de meilleure manière ?

Que cela soit pour le métro du Grand Paris ou celui de Toulouse, les projets de métro sont entièrement automatiques. Nous avons étendu l’usage du BIM en tant que MOE du matériel roulant et des automatismes de conduite sur le Grand Paris, avec une modélisation d’une bibliothèque d’objets propres à cette nature d’ouvrages.

Dans le même esprit, simulez-vous déjà l’entretien futur des installations électriques, techniques, ou autre grâce à la réalité augmentée ?

Nous avons digitalisé les process pour nos métiers d’essayeurs sur les installations électriques et de signalisation pour faciliter nos phases de Tests and Commissioning. Une fois la donnée structurée et les objets modélisés, il n’y a qu’un pas pour transmettre les données au futur mainteneur.

Comme évoqué, nous développons la réalité augmentée dans le cadre de SYSTRA académie. Nous évoquons le recours à la revue de projet, pour permettre aux équipes sur le terrain de dialoguer avec les experts à distance.    

Les jumeaux numériques prennent de plus en plus de place, notamment pour les infrastructures. Développez-vous des solutions et offres de jumeaux numériques ad-hoc maison pour vos clients ? Sur la base de Forge ou vous appuyez-vous sur des solutions du marché ?

Nous sommes dans une approche holistique des outils sur le marché en tenant compte des exigences de la MOA et de la nécessaire interface avec l’environnement pré-existant, notamment les outils de GMAO.

Comme évoqué précédemment, nous travaillons sur le sujet du jumeau numérique avec une approche très pragmatique tournée sur le principe de l’exploitation de la donnée. Pour cela, nous nous appuyons effectivement sur Forge qui permet de traiter et visualiser les formats BIM les plus courants (dont le standard ouvert IFC et Revit) et donc de développer par exemple des solutions de simulation du type CARBONTracker.

Par ailleurs, sur quelles innovations ou transformations travaillez-vous pour l’avenir ?

Deux des axes forts de la stratégie de SYSTRA sont le développement durable et la sécurité.

Sur le premier sujet, nos équipes d’innovation BIM accompagnent le métier de l’écoconception pour renforcer son intégration dans nos processus de conception en leur donnant accès à l’information. En effet l’objectif de CARBONTracker est tout d’abord de quantifier les émissions au fil de l’eau du projet et de lui associer tous les outils d’analyse permettant la prise en compte du facteur CO2 dans toutes les prises de décisions.

Sur le 2ème sujet, nous sommes en phase de développement de notre application SAFEbyBIM qui permettra de mieux maitriser les risques de sécurité sur tout leur cycle de vie.   

En tant que grand Acteur du secteur et acteur international majeur, quelle est votre vision de l’avancée du BIM en France par rapport au monde ? Est-ce selon vous suffisant ?

L’avancée du BIM au départ en France a sans doute été moins rapide pour différentes raisons : le choix de la puissance publique d’impulser plutôt que d’imposer ; le séquençage des missions entre le concepteur, le constructeur par rapport à des visions plus intégrées de l’acte de construire à l’étranger ; enfin les caractéristiques de notre écosystème du secteur de la construction qui se caractérise en France par une grande pluralité d’acteurs à embarquer, avec près de 400 000 entreprises pour le secteur du BTP.

Il faut toutefois noter l’énorme investissement de la France au travers du Projet MINnD et en particulier de MINnD4Rail à l’élaboration des standards IFC pour les infrastructures qui permettront d’accélérer dans le déploiement du BIM en garantissant l’interopérabilité de la donnée et donc la possibilité de pouvoir pleinement exploiter les bénéfices de cette donnée.  

Pensez-vous qu’une obligation du BIM à l’instar du Royaume-Uni ou des pays d’Amérique du Sud permettrait de faire avancer les choses en France ?

Nous ne pensons pas qu’il faille revenir sur les choix du passé. D’ailleurs, l’adoption du BIM progresse et chaque édition du BIM d’Or atteste de la formidable avancée du BIM en France, de son adoption quels que soient la taille des projets et secteurs d’activité. Il nous parait en revanche nécessaire de faire bouger collectivement les lignes en matière de définition des missions de BIM management et de leurs articulations avec la loi MOP, ou des sujets relatifs aux clauses contractuelles ou bien encore de sujets assurantiels.  

Auriez-vous un message particulier que vous souhaiteriez faire passer à nos lectrices et lecteurs ?

En tant que pionniers du BIM pour l’Infra, avec des difficultés technologiques accrues par rapport au bâtiment, nous souhaiterions redire que le BIM est bien plus qu’une simple adoption d’outils, bien plus qu’une démarche : son déploiement est un puissant révélateur de ce qui marche ou ne marche pas dans les organisations.  

C’est aussi partager le sentiment que nous avons ouvert la voie, construit de belles avancées mais que nous avons encore devant nous un formidable gisement d’innovations insoupçonnées, souvent issues d’une approche pluridisciplinaire : donc rendez-vous à ton lectorat pour construire cet avenir !   

Connaissiez-vous ABCD Blog ?

Nous connaissons effectivement ce blog que tu as lancé Emmanuel en 2014 et nous sommes ravis de partager notre retour d’expériences.   

Sylvie, Marc, un grand merci pour votre temps et cette présentation passionnante de Systra. Nous vous souhaitons de continuer votre brillant parcours sur les voies de l’excellence en ingénierie et en BIM.

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