[Interview] Nicolas Boutet, Directeur associé chez Stonal : « améliorer la collecte et structuration des données clients pour une meilleure connaissance des bâtiments, un succès opérationnel et gagner le défi écologique ! »

Nicolas Boutet, Groupe STONAL, un parcours digital hors pair et un chef d’orchestre du numérique de premier plan

Nicolas BOUTET – Directeur associé – Groupe STONAL
Responsable du pôle Data Factory et BIM
Contact : linkedin.com/in/nboutet

Il y a des noms qui ne trompent pas, et la foncière numérique, qui est désormais rebaptisée Groupe Stonal, en fait partie. Et comme son nom l’indique, cette société innovante donne ses lettres de noblesse au numérique et au foncier. Nous avons cette semaine la chance de recevoir sur notre blog Nicolas Boutet, son Directeur associé et Responsable du pôle Data Factory-Foundation, une personnalité reconnue et respectée dans le monde du numérique avec un vrai parcours d’excellence. 

Bonjour Nicolas, ravi de te recevoir sur ABCD Blog car nous avons suivi ton parcours et celui de ta société depuis longtemps jusqu’à ton intégration dans le groupe Foncière Numérique devenu depuis peu le groupe Stonal. Pourrais-tu tout d’abord te présenter en quelques mots à nos lectrices et lecteurs ?

Bonjour Emmanuel et merci de m’accueillir sur ABCD Blog.

Je suis directeur associé du Groupe La Foncière Numérique, devenu récemment le groupe Stonal. Je suis plus spécifiquement responsable du pôle Data Factory.

Tu as un parcours incroyable. Quel est ta formation d’origine ? La passion du numérique et du BIM t’est-elle venue dès le début de tes études ?

Je suis de formation Architecte, ingénieur avec un parcours en Data Science à l’école polytechnique. J’ai démarré ma carrière en tant qu’architecte au sein de l’agence Renzo Piano Building Workshop où j’ai eu l’occasion de travailler sur des projets d’envergure en France et à l’international. J’ai ensuite co-créé mon agence d’architecture en 2007. Mes différentes expériences m’ont amené à continuer mon aventure entrepreneuriale dans le numérique, au travers de la société Foundation et le groupe Stonal.

Ma passion pour le numérique et l’informatique est un peu une seconde nature. J’ai modélisé mes premières maquettes numériques en 2002 lors de mes études et mes premières expériences professionnelles. Depuis, le BIM, le digital et la Data ne m’ont plus quitté.

Une rencontre a été clé dans ta carrière : Vincent Barué. Comment cela s’est-il fait et qu’est-ce que cela a changé dans vos parcours respectifs ?

Vincent et moi nous sommes rencontrés sur les bancs de l’école d’architecture. Nous avons très vite détecté une passion commune pour le numérique. Nous faisons partie de la dernière génération des architectes D.P.L.G. Passionnés d’informatique et des outils numériques, nous avons été considérés très tôt comme des « extra-terrestres » à contre-courant de ce qui nous était enseigné, à l’époque, dans les écoles d’architecture.

Nous avions compris que le numérique serait un atout indéniable, qui nous permettrait de nous focaliser davantage sur la création, tout en optimisant notre production. Nous avons ensuite travaillé dans de grandes agences d’architecture avant de devenir des entrepreneurs dans l’âme.

Vous avez décidé de créer la société VBNB – Vincent Barué et Nicolas Boutet Architectes Associés. Quelles étaient ses missions ?

Nous avons créé notre première société en 2007, à l’occasion d’une belle aventure qui nous a permis de participer au concours international de l’extension du site de Roland-Garros, en co-traitance avec l’agence Christian de Portzamparc. Notre structure a ensuite connu une belle croissance. Elle s’est développée sur de nombreux projets en France et à l’international. Nos projets concernaient principalement de grands équipements sportifs comme des stades pour l’Euro 2016 et d’autres projets au Moyen-Orient, avec une utilisation systématique du BIM qui était alors peu connu en France. Nous avons eu l’occasion de travailler sur des projets tels que la réhabilitation du Parc des Princes, le nouveau stade de Bordeaux et bien d’autres.

©VBNB / Christian de Portzamparc – Extension du site de Roland Garros
©VBNB – Réhabilitation du Parc des Princes

Vous avez, dès cet instant, développé une forte expertise BIM. Comment étiez-vous organisés et sur quels projets intéressants avez-vous travaillé et pour quels types de missions en général ?

Notre agence a mis en place des process poussés et optimisés, dès sa création, afin de pouvoir gérer et concevoir des projets de grande échelle. Nous avons été reconnus très tôt comme une entreprise précurseur sur les processus BIM. Nous avions notamment développé de nombreux outils internes, qui nous permettaient de générer les jauges et gradins de nos stades en generative design, tout en prenant en compte les normes UEFA, courbes de visibilité et flux d’évacuation. Ce type de technique était très avant-gardiste en 2008. L’association des outils de modélisation tels que Revit et des bases de données s’est avérée extrêmement efficace, pour sécuriser les différentes phases de nos projets.

Nos bases de données permettaient également de faire un état des lieux très précis, pour le pilotage des écarts entre le programme de nos MOA et les projets. Nos clients ont été très surpris de la puissance de ces process, alors que dans la plupart des cas, ils avaient énormément de difficultés à obtenir des données fiables pour le pilotage de leurs opérations. Nous avions également acquis de fortes compétences dans des outils de rendu 3D et de VR, pour nos propres usages, et nous avions développé des outils d’optimisation géométrique, afin de mieux exploiter la maquette numérique sur des moteurs de rendu VR tel qu’Unreal Engine.

Nos compétences sur le process BIM et les bases de données, nous ont menées à de premières publications dans les médias. Cette communication nous a fait connaitre auprès de grandes agences d’architecture et d’ingénierie. Celles-ci nous ont demandé de les aider dans leur transition vers le BIM. J’ai alors été consultant expert durant quelques années, pour de grands acteurs de l’architecture et de l’ingénierie, afin de rendre le process BIM opérationnel et efficient au sein de leurs structures respectives.

Qui étaient vos clients et partenaires ?

Nous avons principalement travaillé avec des clubs de football, mais également avec de grandes agences d’architecture telles que RPBW, Christian de Portzamparc sur leurs projets internes.

© RPBW – Tour M2 – La défense

Qu’avez-vous appris de ces années VBNB ?

Cette première aventure nous a appris, très jeune, à devenir des entrepreneurs et à acquérir une grande capacité d’adaptation. Nous avons dû apprendre sur le tas et avancer avec toute l’énergie que peuvent développer deux jeunes gens en soif de créer et réussir 🙂 Nous avons dû acquérir, très tôt, toutes les connaissances et compétences nécessaires au développement et à la gestion d’une entreprise. Des connaissances qui ne sont malheureusement pas enseignées en école d’architecture ni en école d’ingénieur.

©ARTEFACT – Extension du Siège Social de la Matmut

Etiez-vous déjà intéressés par les données du BIM ou est-ce venu ultérieurement ?

Le BIM faisait partie intégrante de nos process internes. Il nous a permis, dès les premières années d’existence de la société, de nous démarquer très fortement.

Il est vrai que, dans un premier temps, c’étaient surtout les automatismes de la modélisation BIM qui nous captivaient car ils nous permettaient de réaliser des études et projets dans des temps records, d’avoir une production cohérente et fiable et des exports que nous rendions compatibles avec nos autres outils de rendus et de VR. Puis les données sont venues très vite. Dès 2010-2011, nous étions déjà dans la dynamique d’intégrer des données à fort potentiel d’usages pour les métiers de la conception/construction. Les besoins pour la performance environnementale et l’exploitation sont venus plus tard.

Notre savoir-faire a conduit bon nombre de nos clients à nous demander de les aider dans la gestion numérique de leur projet avec l’arrivée du BIM en France.

C’est alors que nous avons co-fondé, en 2014, la société Foundation (en référence à l’auteur Isaac Asimov et le Cycle de Fondation). Foundation s’est spécialisée dans la gestion des process BIM au travers de mission telles que l’AMO BIM et le BIM Management de grands projets.

Vous avez piloté de nombreux projets en France et à l’international via la société Foundation ? De quelles typologies de projets s’agissait-il ?

Nous avons eu l’occasion, depuis plus de 15 ans, de travailler sur plus de 200 projets en processus BIM. Actuellement, nous travaillons en tant qu’AMO BIM sur des projets tels que la numérisation et l’extension du site du Quai d’Orsay, le patrimoine de l’Assemblée Nationale, le nouveau Siège du Groupe VINCI. Nous pilotons également des projets en conception et construction dans le tertiaire, l’hospitalier et la recherche, le retail, le sport , la justice, etc. en tant que BIM Manager. Parmi ces projets, nous avons l’extension de l’hôpital Sainte Périne à Paris, le CHU de Clermont-Ferrand, le Centre de remisage des rames du Grand Paris de Champigny-sur-Marne, le Stade Yves-du-Manoir pour les JO 2024. Nous avons également travaillé sur des projets symboliques tels que la réhabilitation du Bataclan ou plus emblématiques comme le Yellow Parc, le Stade de football de Nantes.

© Hérault Arnod et Thales Architectures – Centre commercial 3 Pays
© Architecture Studio – Extension du CHU de Clermont-Ferrand
© Lazo & Mure / Celnikier et Grabli – Extension de l’hôpital Sainte-Périne
© Richez Associés – CEM de Champigny-sur-Marne
© ATSP et HKS – Yellow Parc – Nouveau Stade de Nantes
© Celnikier & Grabli / OLGGA – Stade Yves-du-Manoir, JO 2024

Foundation a également été l’un des viviers de la nouvelle génération de BIM Manager ?

C’est exact, Foundation a été un tremplin pour de nombreux BIM Managers de la nouvelle génération. Certain de nos anciens collaborateurs officient aujourd’hui dans de grandes sociétés d’ingénierie et d’architecture, parfois sur de très beaux projets. C’est important pour nous, car nous sommes convaincus que les sociétés que nous dirigeons ont un rôle social à jouer, tout en permettant une communication des bonnes pratiques.

© ENIA architectes – Batiment Archade, centre de recherche contre le cancer

Votre société a ensuite intégré le groupe la Foncière Numérique devenu il y a peu le groupe Stonal. Quelles en étaient les raisons principales ? Et comment votre intégration s’est-elle faite ?

Dès les années 2014, nous avons commencé à réfléchir à une utilisation des modèles BIM à des fins d’exploitation. Nous trouvions extrêmement préjudiciable de limiter l’usage des modèles numériques aux seules phases de conception et de construction.

En 2015, nous avons alors rencontré un entrepreneur et homme de l’art de l’immobilier, Michel Tolila qui est actuellement président du Groupe La Foncière Numérique (Stonal). Michel commençait à réfléchir à la création d’un groupe spécialisé dans l’optimisation de la gestion des actifs immobiliers via le numérique et la Data. Nos visions se sont rejointes avec d’autres acteurs clés et c’est ainsi que le groupe Foncière Numérique est né en avril 2017. Foundation a alors intégré le groupe avec l’ensemble de nos collaborateurs. Nos équipes apportent au groupe leur savoir-faire sur le BIM, la maquette numérique et les bases de données associées aux disciplines architecturale et technique.

© Chartier Dalix – The Curve , plus grand bâtiment en structure bois d’Europe.

Pourrais-tu stp nous présenter le groupe Stonal ? Son organisation, ses objectifs, ses missions ?

Le métier du groupe Stonal est de collecter, structurer et agréger les données, documents et plans immobiliers de nos clients afin de leur créer un référentiel unifié hébergé au sein d’une plateforme SaaS (Software as a Service).

L’agrégation de l’ensemble de ces données permet à nos clients d’optimiser la gestion et la valorisation de leurs parcs d’actifs immobiliers, mais également d’alimenter un écosystème d’applications métiers, propre à leur société avec des données fiabilisées (dédiées à la gestion financière, énergétique, juridique, et technique…). Ces outils permettent notamment de répondre aux nouveaux enjeux des ISR, des ESG, etc. 

Nous accompagnons aussi nos clients dans la continuité numérique de leurs projets au travers de services spécifiques.    

Notre société est l’une des plus importantes Proptech française avec plus de 130 clients en France et en Europe. Notre groupe est actuellement composé de plus de 120 collaborateurs regroupant des développeurs, des experts de l’immobilier, de la data, du BIM et plus globalement du numérique.

© Stonal – Plateforme Stonal.

Qui sont vos clients type ? Pourrais-tu nous donner quelques références, noms et projets significatifs ?

Nos clients sont principalement des foncières publiques ou privées souhaitant optimiser l’exploitation de leurs parcs d’actifs sur tous les sujets déjà cités.

Pour exemple, nous avons numérisé pour le compte d’Unofi (Union Notariale Financière) l’ensemble de leur parc immobilier composé de plus de 170 bâtiments pour plus d’1 millions de m². L’ensemble de ce parc immobilier ainsi que les données associées sont exploités via la plateforme Stonal et ses applicatifs métiers.

En parallèle, Foundation travaille en tant que BIM Manager et AMO BIM pour des projets publics et privés en France et à l’international et aide ses clients dans le basculement de leurs actifs vers l’exploitation.

Vous avez des piliers dans votre offre. Lesquels sont-ils ?

Notre offre est articulée autour des grands volets qui permettent l’exploitation d’actifs immobilier. Il s’agit des volets architecturaux et technique, juridique et réglementaire mais également marché.

Vous développez aussi vos propres applicatifs métiers, quels sont-ils ?

La base de nos développements est notre datalake qui permet d’agréger l’ensemble des sources de données et de connecter des applications extérieures grâce à des API, pour alimenter tous les acteurs de la gestion, exploitation et maintenance des parcs de nos clients. Nous développons également une série d’applications décisionnelles dédiées aux asset managers et directions immobilières, afin qu’ils puissent facilement piloter leurs parcs immobiliers, identifier les risques, faire du prévisionnel de travaux, suivre les performances énergétiques, faciliter leurs plans stratégiques de patrimoine, etc.

La plateforme se différencie notamment par son outil Check, un puissant outil d’analyse de l’ensemble des flux de données qui permet d’identifier les écarts de valeurs entre des sources distinctes et de fiabiliser la base patrimoniale. Nous développons également une application de machine learning dédiée à l’automatisation de la classification et de la lecture des documents, qui permet de trier plus de 1000 documents par minute. Depuis le rachat de Labeo (éditeur du logiciel de gestion de patrimoine Abyla), nous disposons également d’un puissant outil de géolocalisation de la donnée sur les plans et les maquettes numériques, que nous faisons actuellement évoluer vers de nouvelles technologies. La spatialisation de la donnée est possible de façon transverse, entre les plans et les maquettes numériques, de façon à adapter les outils à la maturité numérique de chacun de nos utilisateurs.

L’IA est au cœur de nos développements depuis plus de 3 ans maintenant, nos Data Scientists disposent de plus de 200 millions de mètres carrés numérisés et de plusieurs centaines de milliers de documents pour faire du prédictif, benchmarker les immeubles d’un même parc, etc.

En France, la digitalisation des assets est un véritable enjeu, que ce soit en rénovation et en neuf. Aurais-tu quelques chiffres à nous donner à ce propos ?

C’est exact, les métiers de l’immobilier et de l’exploitation sont aujourd’hui trop silotés. Obtenir des données justes, fiabilisées et agrégées est devenu un véritable enjeu. D’autant que ces données sont souvent à la source d’importantes prises de décisions. Les nouvelles règlementations telles que les ESG, ISR, etc. rebattent également les cartes du marché de l’immobilier et imposent de mieux connaître ses bâtiments.

À cet effet, Stonal dispose du plus gros référentiel de données français avec plus de 200 millions de mètres carrés dans nos bases. L’important à garder en tête est que plus de 90% du parc de nos clients est du stock, c’est à dire du patrimoine existant nécessitant d’être davantage maîtrisé pour optimiser ses consommations, son confort, sa performance d’occupation, etc. L’enjeu est donc la collecte et la structuration de la connaissance immobilière du patrimoine d’exploitation. Nos process et nos outils sont tournés vers cet objectif.

En 2022, 5 à 10% de projets neufs en moyenne doivent être fournis avec des maquettes numériques dont l’enjeu est la transition vers l’exploitation. On passe alors d’une phase conception – construction avec beaucoup d’informations associées aux composants et équipements à une phase de gestion – exploitation où l’on gère davantage des espaces et où les besoins, cas d’usages et outils sont très différents. Les DOE sont bien entendus sauvegardés précieusement dans la plateforme, car ils sont associés à une décennale, mais très rapidement et avec toujours davantage d’automatismes, nous générons des maquettes dédiées à l’exploitation avec des modes de visualisation adaptés (2D, 2,5D et 3D).

Quel est ton rôle au sein de Stonal ?

Mon rôle est assez transversal au sein de Stonal. Je suis responsable du pôle DataFactory du groupe. Composé de chefs de projet digitaux, d’ingénieurs métiers et de spécialistes de la Data, ce pôle a pour mission de collecter, structurer et agréger les données de nos clients pour les rendre exploitables pour la gestion et l’optimisation de parcs d’actifs immobiliers. Ces données une fois structurées sont exploitées par nos clients au travers de la plateforme Stonal.

De plus, ce pôle a pour rôle d’accompagner nos clients tout au long de la démarche de digitalisation de leur parc immobilier.

Enfin, je travaille au quotidien avec nos équipes de développeurs, de R&D et d’IA afin d’apporter notre regard et notre expertise métier, pour le développement de nos solutions informatiques.

Vos workflows BIM de constitution des maquettes numériques sont essentiellement basés sur les solutions Autodesk. Pourrais-tu nous expliquer votre stratégie numérique ?

Nos outils de production des maquettes sont principalement basés sur des solutions Autodesk telles que Revit. En effet, la mise en exploitation des actifs impose de gérer une continuité numérique entre les différentes phases du cycle de vie d’un bâtiment. Et donc d’utiliser des outils fortement implantés sur les phases de conception et de construction.

Cependant, il existe une phase de mise en exploitation des actifs qui impose une transformation du modèle. En effet, les cas d’usages en gestion-exploitation ainsi que les outils et besoins associés sont totalement différents de ceux de la conception et construction.

Pendant, les phases de conception et de construction, les données sont principalement contenues dans les maquettes numériques BIM. Durant la phase d’exploitation, ces données alphanumériques sont extraites puis transcrites dans notre MasterData afin de s’ouvrir aux autres systèmes métiers et aux autres systèmes d’informations de nos clients. Ceci permet d’agréger les données architecturales et techniques avec d’autres typologies de données métiers, tels que le juridique, le réglementaire, le financier et le marché. La maquette ne devient alors qu’un « géo-référenceur » de cette Data, afin de pouvoir lier les infos à la visualisation 2D et 3D des actifs immobiliers.

Vous couvrez tout le cycle de vie de vos actifs (capture de la réalité, rétroconception, modélisation, préparation des jumeaux numériques, etc.). Vous êtes assez uniques en la matière ?

En effet, notre intervention est assez large car elle impose de constituer toutes les briques nécessaires à une information juste et exploitable. A cet effet, nous utilisons toutes les technologies et process nécessaires à la constitution des bases patrimoniales de nos clients.

Nous sommes l’un des seuls acteurs du marché à proposer une solution clés en main, alliant la construction d’un référentiel, l’accompagnement de nos clients dans la continuité numérique mais aussi et surtout la mise en place d’applicatifs métiers permettant d’alimenter l’ensemble de la chaine de valeur de l’immobilier (Asset, Property et Facility manager).

Le groupe Stonal a racheté la société Labéo, développeur de la solution Abyla, qui s’inscrit totalement dans votre stratégie data et votre volonté d’asseoir votre leadership sur le marché. Pourrais-tu stp nous en parler ?

Oui, Labeo est devenu, depuis des années, un acteur incontournable dans la gestion de patrimoine dans le logement social, les collectivités, et l’enseignement. Nous avons intégré cette société afin d’offrir un panel de compétences et de solutions plus large à l’ensemble de nos clients, tout en affirmant notre présence dans le logement social. Stonal et sa filiale Labeo disposent ainsi de plus d’un quart du logement social français (1,3 millions de logements), de 30 pourcents des universités françaises et de plusieurs patrimoines de Conseil Départementaux. En tout, entre le secteur public et privé c’est désormais plus de 200 millions de mètres carrés qui sont gérés à travers nos solutions.

Quel est le retour sur investissement que l’on peut espérer d’une digitalisation d’actifs ? As-tu des chiffres, ratios ou coût/m2 que tu peux partager ?

La digitalisation permet de réunifier la connaissance immobilière, ce qui a un impact considérable sur l’efficacité des organisations dans laquelle nous nous déployons. Un récent article de l’UNOFI, l’un de nos clients, parle de plus de 15% de gains de productivité. Il y a bien sûr d’autres sources de gains sur les OPEX, les CAPEX, l’optimisation des charges et des consommations. La valeur des biens est également sécurisée avec des actifs plus « liquides », car disposant de leur dataroom complète, fiable et à jour. De nombreux nouveaux services peuvent également se brancher sur le référentiel immobilier, simplifiant ainsi la gestion, la maintenance quotidienne et offrant des usages spécifiques aux locataires.

Quelles sont votre stratégie et votre vision à moyen-long terme ?

Nous avons l’ambition de renforcer notre position de leader dans le secteur public, par le développement de notre nouvelle offre SaaS et de poursuivre nos avancées dans les autres secteurs tels que le tertiaire, avec une diversification et une expansion en Europe.

En quoi la collaboration avec Autodesk est-elle importante pour votre activité ? Quels sont d’ailleurs vos projets ou idées pour renforcer cette interaction/synergie ?

Notre démarche est bien sûr basée sur l’openBIM mais pour autant nous souhaitons également collaborer avec les grands acteurs du secteur. Ceci permet de garantir à nos clients une compatibilité et une interopérabilité maximale de nos systèmes avec les outils métiers, pour la création des jumeaux numériques de leurs actifs immobiliers. À cet effet, Autodesk fait partie des acteurs incontournables en termes d’outils permettant la constitution et la structuration des maquettes BIM, amenant par la suite à une mise en exploitation réussie.

Souhaiterais-tu dire quelque chose de particulier à nos lectrices et lecteurs ?

Je terminerai par une citation du physicien William Thomson :

« Plus vous comprenez ce qu’il y a de faux dans une donnée, plus cette donnée prend de valeur. Si vous ne pouvez pas mesurer, vous ne pouvez pas améliorer. »

Ceci résume assez bien la philosophie du travail que nous menons chaque jour chez Stonal. Nous pensons que l’amélioration passe par la collecte et la structuration des données de nos clients. C’est l’une des clés du succès pour une meilleure connaissance des bâtiments, aussi bien du point de vue opérationnel que pour répondre aux défis écologiques qui nous attendent.

Connaissais-tu ABCD Blog ?

Bien sûr ! C’est une source intarissable d’actualité et de veille technologique sur le BIM 🙂

Nicolas, nous te remercions sincèrement pour ton temps et cette interview passionnante et nous te souhaitons, ainsi qu’à Stonal, un grand succès !

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