[Interview] Tristan Legendre, Directeur de la prospective chez Artelia, une société avec des valeurs fortes telles que la simplicité, l’humilité, la rigueur et l’exigence pour des projets exceptionnels, diversifiés et à la pointe de l’innovation

Echange avec un slasheur en charge de la stratégie innovation d’un grand groupe d’ingénierie français

Nous avons toujours plaisir à entendre de grandes ingénieries car elles portent cette tradition et ce savoir-faire de pointe français si particulier. Cette semaine, nous avons l’immense plaisir de recevoir un Homme important de ce groupe avec un parcours riche et passionnant : Tristan Legendre, en charge de la Stratégie BIM et de la prospective au sein de la Grande Ingénierie Artelia.

Bonjour Tristan, et bienvenue sur ABCD Blog. Nous avions d’ailleurs déjà eu la chance de recevoir deux de vos collaborateurs il y a quelques temps. Pourriez-vous svp tout d’abord vous présenter en quelques mots ?

Bonjour Emmanuel, merci pour votre sollicitation. Je me présente depuis quelques années comme slasheur, c’est ainsi qu’on désigne les personnes qui comme moi ont plusieurs activités en parallèle. La première d’entre elles, en continuité avec ma carrière professionnelle c’est celle d’éclaireur chez Artelia, officiellement Directeur de la prospective. Une de mes autres activités c’est d’être conseiller municipal, je m’occupe du déploiement d’une politique « vélos » dans ma ville.

Vous avez un parcours universitaire assez atypique et très riche à la fois car vous avez une double formation. Pourriez-vous nous en dire quelques mots ?

J’ai suivi en parallèle des études d’ingénieur et d’architecte. Dans un autre pays que la France, ces deux disciplines sont en général enseignées dans les mêmes établissements avec beaucoup de liens. Mais en France, c’est (ou c’était car il faut se situer fin des années 80’), faire un peu le grand écart. J’adorais pendant les amphis d’histoire de l’architecture islamique entendre le martèlement des apprentis sculpteurs dans la cour des Beaux-Arts. Et puis quelques heures plus tard, j’étais dans un laboratoire d’hydraulique sur la modélisation numérique d’un barrage voûte.

Votre thèse de diplôme qui était aussi un projet réel était déjà en grande partie numérique. De quoi s’agissait-il exactement ?

Dominique Perrault imagine que les livres de la Bibliothèque de France seront stockés dans des tours d’une vingtaine de niveaux. La charge au sol, c’est environ 10 fois plus qu’un immeuble de bureau classique. Et en plus, on va mettre plusieurs dizaines d’années pour remplir ces étages de rayonnages derrière une peau vitrée respirante. Ça donne une équation qui mêle fluage différé du béton, tassements différentiels entre les noyaux des tours et les pignons, largeur des joints de façade et tolérances de construction. C’était le début de l’application des calculs aux éléments finis de quelques milliers de nœuds dans le bâtiment. Alors oui c’était un beau sujet de diplôme, mi-recherche académique mi-projet d’exécution.

Vous avez travaillé au sein de grandes sociétés avant Artelia, et vous avez participé à des projets d’ampleur. Qu’est-ce qui vous a particulièrement marqué ?

La Chine ! Le premier projet marquant a été l’aéroport de Shanghai. Milieu des années 90, les chinois décident de créer un aéroport international de premier plan, au milieu des rizières. Il n’y a pas de route ni de métro pour y accéder, par contre quelques villages à évacuer. Trois ans et demi plus tard, c’était en service. Nous (j’étais alors chez Aéroports de Paris – Paris Aéroport désormais) avions délivré toutes les études d’architecture et d’ingénierie.

Le deuxième projet c’est le « Duplex A86 » entre Rueil et Versailles, tunnel routier urbain de 10km. Un projet comme celui-là est très complexe, c’est de la géotechnique, du génie-civil souterrain et autoroutier, des bâtiments, des usines de ventilation, un contrôle-commande de plus de 10 000 points totalement informatisés, etc. Je retourne en Chine 10 ans plus tard et là je découvre qu’entre-temps ils ont totalement appris et maîtrisé ce type de savoir-faire, et vu qu’ils construisent beaucoup plus et plus vite, qu’ils testent de multiples solutions en parallèle !

Vous avez ensuite intégré ADP pour refaire du projet et vous avez notamment collaboré avec le fameux Paul Andreu. Sur quels projets iconiques avez-vous travaillé ?

Outre l’aéroport de Shanghai que j’ai cité juste avant, j’ai beaucoup travaillé sur l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle. Sur les aérogares, les routes, les tours de contrôle, les systèmes bagages, et pour finir sur le système de transport en site propre (CDG VAL), en maîtrise d’œuvre puis comme maître d’ouvrage.

Vous avez ensuite intégré Artelia pour prendre la responsabilité d’une équipe et structurer certaines démarches, n’est-ce pas ?

Je suis retourné à mes premières amours, l’ingénierie ! Mais cette fois-ci, pas pour faire du projet, mais du management. J’ai surtout saisi le challenge de créer une offre de services de PPP, dans une société d’ingénierie, ce qui est atypique car c’était la chasse gardée des constructeurs ou des opérateurs (dans l’énergie, les télécoms, etc.). Chez Artelia nous maîtrisions toute la chaîne : architecture, ingénierie, nous faisions déjà des clés en mains, de la direction des travaux bien sûr et de l’ingénierie d’exploitation-maintenance. Il n’y avait plus qu’à mettre nos directions financières et juridiques autour de la table pour monter un PPP. Nos ratios financiers étaient bons, les banques nous ont suivi…

Réseaux et systèmes d’un IGH, Paris © Artelia – 2023

Pourriez-vous d’ailleurs nous présenter Artelia en quelques mots, sa présence, sa force humaine, ses domaines d’expertises ? Artelia est d’ailleurs une ingénierie avec une différence fondamentale par rapport à ses concurrents ?

Artelia construit et aménage partout sur et sous terre, que ce soit des villes, des campagnes, des bâtiments, des usines, des infrastructures, honnêtement je ne vois pas de projet sur lesquels nous ne serions pas en mesure de mettre des compétences en œuvre, tellement celles-ci sont larges. Nous essayons autant que possible d’apporter dans les projets un impact positif du point de vue sociétal et environnemental. Ce qui nous limite encore c’est la taille, nous ne sommes « que » 7300 personnes environ. Du coup, pour les projets qui dépassent 20 à 30 milliards d’euros d’investissements, les clients ne nous connaissent pas forcément ! Mais cela va venir car nous ne cessons de croître pour être en mesure de participer à tous les projets. Pour le moment, je ne vois qu’un seul endroit où nous ne sommes pas intervenus, c’est l’espace (la Lune, les satellites, Mars, …). La force qui nous pousse c’est qu’en tant que salariés, nous possédons 100% du capital d’Artelia. Ça crée des liens…

Vous avez une politique de croissance, notamment entre autres par le biais d’acquisitions. Deux ont notamment attiré notre attention : RFR et MOE. Pourriez-vous svp nous en parler ?

J’étais encore aux Ponts (l’école des Ponts et Chaussées) quand Peter Rice réconcilie l’architecture et l’ingénierie de pointe pour créer de nouvelles formes et enveloppes de bâtiments : les verrières de la Villette, du Parc Citroën, les Nuages de la Grande Arche. RFR a été visionnaire dans nos métiers. L’histoire ne pouvait pas s’arrêter pour des raisons financières, donc nous avons repris l’entreprise au tribunal avant qu’elle ne disparaisse. Et nous lui avons gardé son authenticité, son autonomie.

Réseaux et systèmes d’un IGH, Paris © Artelia – 2023

MOE est l’une des principales ingénieries au Danemark, avec environ 1000 collaborateurs. C’était typiquement une cible pour Artelia dans le cadre de notre croissance en Europe et dans le monde. MOE nous a apporté deux filiales : une en Norvège et une aux Philippines. C’est devenu la Business Unit Nordics d’Artelia. Ce sont aussi de nouveaux salariés actionnaires qui nous ont rejoints.

Quel était l’état d’avancement du déploiement du numérique et du BIM quand vous êtes arrivés ? Et en quoi ces approches sont-elles importantes pour votre société ?

Nous nous sommes intéressé au BIM en 2010, dans le domaine du bâtiment. Persuadés que les choses allaient s’accélérer, que les projets allaient rapidement se faire en BIM, nous avons formé une dizaine de personnes pour commencer. C’était deux ans trop tôt. Pour la plupart des avancées technologiques, quand elles sont matures, nous sommes assez proactifs, nous essayons de les intégrer dès que nous pensons que le marché est réceptif. Mais souvent, force est de constater que dans nos métiers, les transformations sont très progressives. Il y a donc plus de dix ans que nous concevons en BIM, certains clients ne sont pas demandeurs et n’exigent rien de notre part encore aujourd’hui.

Justement, pourriez-vous nous parler de votre stratégie relative à ces sujets ? Il semble que BIM, données et jumeaux numériques soient des axes centraux ? Quels moyens mettez-vous en place afin d’atteindre ces objectifs ?

Désormais effectivement, alors que le BIM est adopté, maîtrisé, nous avons envie d’aller plus loin et de créer des véritables jumeaux numériques des ouvrages existants ou à réaliser. C’est quand même le rêve de l’ingénieur de livrer à la fois son ouvrage et son double numérique, et de faire vivre les deux en parallèle. Nous explorons les possibilités de créer des jumeaux numériques, beaucoup de clients sont curieux de ce qu’on peut proposer, et surtout pour quels usages. On sait que BIM et jumeau numérique c’est beaucoup de données à exploiter.

Réseaux et systèmes d’un IGH, Paris © Artelia – 2023

Avez-vous notamment une équipe de développeurs en interne ?

Le terme de développeur ne peut pas vraiment rendre compte de la réalité. Pour créer un jumeau numérique, et c’est ce que nous faisons actuellement, il faut réunir une série de compétences qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble. Ingénieurs des techniques classiques du bâtiment ou des infrastructures, spécialistes des capteurs de données, data scientists, spécialistes des infrastructures réseaux, développeurs informatiques, et surtout chef d’orchestre de tout cela. En fait, il faut surtout un architecte du jumeau, qui a plus ou moins le même rôle que l’architecte classique ! Nous avons constitué cette équipe pour proposer un service clé en main de jumeau numérique.

Les jumeaux numériques représentent l’un de vos axes de développement. Comment cela se concrétise-t-il ?

Comme beaucoup, nous avons commencé par les beaux discours et cherché des clients qui voulaient bien prendre le risque de se lancer. Mais en parallèle, nous avons créé notre propre projet sur l’un de nos principaux sites, à Choisy le Roi en région parisienne Cet établissement, construit par nous il y a quelques années, regroupe environ 500 collaborateurs. C’est un terrain de jeu idéal pour vérifier nos hypothèses, chercher les bonnes solutions, tester les résultats. C’est une vitrine désormais en interne comme en externe. Le jumeau est né, il a appris à marcher et maintenant il grandit tous les jours en apprenant de nouvelles connaissances.

Afin de créer ces modèles de l’existant lors de rénovations, avez-vous vos propres scanners et drones ? Et proposez-vous ce service de rétroconception à vos clients ?

L’usage des scanners et des drones est devenu très banal, tant mieux, voilà des technologies qui se sont tranquillement imposées dans nos cinq domaines d’activité : bâtiment, industrie, eau, énergie et mobilité. Nous avions il y a une petite dizaine d’années, des pilotes d’hélicoptères dans nos équipes (à titre de loisirs), qui étaient motivés pour réfléchir à l’usage des drones. Avec la création d’ARTEDRONE, nous proposons un service complet de relevés terrain avec divers capteurs, de traitement des données, et de leur mise à disposition. Choisir les bons capteurs, le type de survol, le traitement, la modélisation, la restitution des données, c’est un métier très complet. Il est indispensable de bien définir en amont le besoin, cela ne s’improvise pas. De même que pour le métier de géomètre, je pense que ce type de service devrait aussi être mieux encadré.

Tous vos projets sont-ils développés systématiquement en BIM ?

Non et heureusement ! Pour certains projets cela n’est pas nécessaire. Quand on évoque le BIM cela suppose d’intégrer beaucoup de données, or ce n’est pas toujours indispensable. Nous sommes pragmatiques et évaluons au début du projet le besoin de le développer en BIM. C’est essentiellement une question de taille et de complexité technique. Et bien entendu de besoin du client.

Avez-vous développé vos propres standards, documents, gabarits, wiki, etc. ?

Artelia est présent dans beaucoup de domaines d’activités différents, contrairement à des ingénieries spécialisées. C’est pourquoi les standards se sont dans un premier temps développés à plusieurs endroits. Depuis un an, nous avons une stratégie de structuration de nos standards. Nous créons d’une part des standards « Groupe », ce qui n’est pas simple dans une société de plus de 7000 personnes réparties sur plus de 40 pays. Et nous rationalisons d’autre part nos standards dans ce que nous avons considéré comme trois grands champs de pratiques distincts que sont le bâtiment, l’industrie et les infrastructures.

La montée en puissance du cloud et des plateformes a-t-elle changé quelque chose pour vous ?

Nous avons été comme tout le monde limités dans le déploiement du BIM avant que le cloud et les plateformes ne soient vraiment opérationnels. Désormais, nous faisons travailler nos équipes où qu’elles se trouvent et sur n’importe quel projet. Cela apporte une vraie souplesse de fonctionnement. Nonobstant le point précédent : la nécessité de faire appliquer des standards !

Vous restez discrets sur vos projets. Pourriez-vous svp nous parler des projets importants et/ou iconiques que vous avez actuellement ?

En vérité, nous communiquons sur nos projets, mais pas spécifiquement sous l’angle du BIM. Pour nous, le BIM c’est comme le téléphone portable, à utiliser autant que de besoin, sans trop abuser ! De fait, nous aimerions que nos clients à travers leurs projets nous poussent à aller plus loin dans les cas d’usage, pour communiquer sur l’intérêt d’exploiter toutes les performances des outils existant. Si je devais citer un projet, ce serait le Grand Paris Express.

Quel est le ratio projets d’infrastructure/projets bâtiment ?

Je ne sais pas. Nous ne suivons pas ce type d’indicateurs. Nous menons aussi de très belles missions dans le domaine de l’industrie, ou des industries faudrait-il dire. Et les projets emblématiques, pour lesquels une ingénierie comme Artelia a un vrai savoir-faire, sont surtout aux interfaces de ces « mondes » : process industriel dans un bâtiment complexe, ilot urbain mixte comprenant commerces, hôtel, logements, le tout sur une station de métro, intégration des énergies renouvelables dans les patrimoines existants, etc.

Où le BIM est-il le plus important et où s’imposera-t-il plus selon vous ? Conception, construction, exploitation et maintenance ?

Le BIM est définitivement présent dans les phases de conception. Il y a encore de gros gains à attendre de son utilisation dans la phase de construction, même si beaucoup est déjà en place. En exploitation et maintenance, c’est plus lent et compliqué, cela fait des années qu’on espère plus de déploiement. Nous travaillons très activement à la création de jumeaux numériques, qui sont le BIM étendu en quelque sorte. L’ingénierie d’exploitation et de maintenance évolue maintenant assez vite avec de nouveaux outils numériques, avec plus ou moins de BIM intégré.

Réseaux et systèmes d’un IGH, Paris © Artelia – 2023

Qu’est-ce le BIM change d’une part dans vos rapports avec la maitrise d’ouvrage, et d’autre part avec les autres acteurs du projet tels que les entreprises et les architectes ?

Avec la maîtrise d’ouvrage, cela fait un sujet de plus à aborder ! Avec nos clients récurrents, nous accompagnons leurs avancées en BIM, c’est naturel comme pour tous les autres domaines, tels que les sujets environnementaux par exemple. Avec un nouveau client, cela revient à se demander dès le début quelle langue on souhaite utiliser pour communiquer, ce n’est pas neutre n’est-ce pas ?

Pour ce qui est des architectes et des entreprises, on peut dire que tout change et rien ne change à la fois, tout dépend de quelle hauteur on regarde nos échanges. Le BIM n’a pas fait bouger les lignes : architectes, ingénieries, entreprises, le jeu est toujours le même, chacun ses responsabilités, ses intérêts. Il faut rentrer un peu dans le détail pour voir que le BIM est un très bon outil de travail pour une partie des acteurs du projet, qui en exploitent les performances : rapidité, fluidité des échanges, simulations, etc.

Qu’est-ce qui vous différencie de vos concurrents ?

Une de nos valeurs, c’est la simplicité. Etre nos propres actionnaires nous rend sans doute assez humbles. Nous agissons je pense avec beaucoup de sérieux, de rigueur. Une autre de nos cinq valeurs, c’est l’exigence.

Quels sont vos axes de développement futurs ?

Alors je vais rester sur le domaine du BIM pour illustrer les axes de développement d’Artelia. Nous pensons nous positionner sur des projets de plus en plus complexes, grands, sensibles, multi-pays, pour des clients qui possèdent leur propre process, etc. On voit tout de suite que cela nécessite des outils BIM différents mais inter opérants, des infrastructures ou des logiciels spécifiques, des processus de travail et des outils collaboratifs, avoir des approches globales tout en assurant notre adaptabilité aux contextes locaux.

Nous avons déjà évoqué le jumeau numérique, ou l’usage des drones, je ne développe pas mais il y a encore beaucoup de choses à faire dans ces domaines.

Et enfin, nous réfléchissons à tirer parti des très nombreuses données que nous manipulons pour, avec l’aide d’IA, améliorer nos performances et créer de nouveaux services.

Quel regard portez-vous sur les politiques d’incitation au BIM en France ?

Je pense que les politiques sont justement menées par pays, alors que les enjeux sont à une échelle supérieure. On a de beaux champions européens du BIM, ce serait bien de les soutenir à cette échelle-là.

Hors Artelia, quelles sont vos passions ?

Je suis élu local, ce qui me permet modestement de contribuer à faire évoluer la collectivité vers une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux. Et plus précisément, j’essaye de comprendre ce que veut dire le terme de « résilience » dans le contexte de notre société et comment agir pour garantir une certaine pérennité à celle-ci.

Y-a-t-il quelque chose de particulier que vous souhaiteriez dire à nos lectrices et lecteurs ?

Pour ceux qui ont eu le courage de lire jusqu’ici, qu’ils n’hésitent pas à me contacter pour poursuivre les échanges !

Tristan, un grand merci pour le temps que vous nous avez accordé. Nous vous souhaitons de continuer sur la route du succès.

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