Des infrastructures plus intelligentes grâce aux standards ouverts par Marek Suchocki

Un article intéressant sur l’importance des standards ouverts rédigé par Marek Suchocki, Expert Infrastructure et openBIM chez Autodesk

Les projets AEC actuels sont fortement influencés par le processus BIM qui nécessite des sources de données centralisées et des moyens de partager facilement les informations. Pour faciliter un échange de données transparent entre des parties pluridisciplinaires du monde entier, l’interopérabilité et la normalisation des données sont essentiels. Cela permet aussi de tirer parti du BIM afin d’accélérer la livraison des projets et de réaliser des économies de coûts sur ces infrastructures.

UN ENGAGEMENT À LONG TERME POUR L’OUVERTURE

En 1994, Autodesk a fondé l’Industry Alliance for Interoperability (IAI), invitant 12 autres sociétés dont des éditeurs de logiciels à définir un format ouvert permettant de partager aisément des informations entre les plateformes. Ils ont ainsi pu présenter cette future technologie et ses possibilités l’année suivante. Le standard IFC était né.

En 1996, IAI a été rebaptisée International Alliance for Interoperability, qui à son tour a évolué pour devenir buildingSMART International, un organisme professionnel mondial facilitant la transformation numérique de l’industrie des actifs construits.

Conformément à l’engagement de buildingSMART en faveur du BIM ouvert, l’organisation a développé au fil des années plusieurs itérations des normes de données IFC (Industry Foundation Classes).

Le Standard IFC au fil des années

QU’EST-CE QUE LE STANDARD IFC ?

Norme internationale officielle, l’IFC est un modèle de données indépendant de toute plateforme logicielle permettant de décrire l’environnement bâti. Il définit un modèle de données ouvert (c’est-à-dire non propriétaire) qu’aucune partie ne contrôle. Lorsque les données sont conservées dans un format ouvert, vous n’êtes pas bloqué avec un seul logiciel ou programme afin d’y accéder et vous n’avez pas à traduire manuellement les données de différents formats. Vous obtenez des données cohérentes et plus riches, ainsi qu’un flux d’informations plus transparent.
Diverses versions d’IFC ont vu le jour depuis les années 1990. L’IFC4 a été le dernier grand saut, officialisé en 2013.

REVIT OBTIENT LA CERTIFICATION IFC4

La certification IFC dans le secteur de l’AEC est un processus rigoureux permettant que les professionnels puissent utiliser leur logiciel sans se soucier d’être bloqués avec un seul éditeur en autorisant l’export des informations dans un format IFC neutre valide.

Autodesk Revit, le logiciel BIM pluridisciplinaire d’Autodesk, a récemment obtenu la certification de conformité à l’échange de références IFC4 (Industry Foundation Classes 4) pour l’export en architecture et en structure.

Associés à une certification d’export prévue pour les éléments MEP et à l’import architectural, ces multiples « timbres » d’approbation positionnent Revit comme la première plateforme BIM à offrir la polyvalence nécessaire pour prendre en charge des flux de travail ouverts dans les projets verticaux (bâtiment) et horizontaux (infrastructure).

Mais cette certification IFC n’est que le début.

ÉTENDRE LES NORMES OUVERTES AUX INFRASTRUCTURES

Les initiatives IFC de buildingSMART ont jusqu’à présent eu le plus grand impact dans le domaine de la construction de bâtiments.

En tant que membre fondateur de la section britannique et irlandaise de l’IAI, puis de buildingSMART, Marek Suchocki a suivi de près le développement et l’adoption du standard IFC. En tant qu’ingénieur civil, il a souvent exprimé sa déception du fait que le secteur des infrastructures n’ait été mal servi, réduisant ainsi la valeur des IFC dans les projets du monde réel.

D’autres ont également reconnu cette lacune, conduisant ainsi en 2013 à la création d’une InfraRoom au sein de buildingSMART. En collaboration avec une communauté internationale d’experts, l’InfraRoom a depuis mené une série de développements de schémas (ou schemes en anglais) vers une définition communément acceptée des éléments clés de l’infrastructure.

L’InfraRoom définit sa mission comme la combinaison, l’amélioration et le développement de normes ouvertes pour les données intelligentes afin de permettre l’intégration des processus et des données pour les infrastructures. Son champ d’application concerne «l’échange d’informations et les normes de processus pour soutenir une gestion efficace de l’environnement bâti construit et la liaison et l’intégration à travers le BIM et le SIG».

Les travaux de l’infraRoom sur les normes IFC pour tous les types d’actifs d’infrastructure – ponts, voies ferrées, routes, ports et voies navigables, ainsi que les tunnels – progressent régulièrement pour atteindre l’objectif d’étendre les flux de travail ouverts basés sur le BIM au-delà des bâtiments jusqu’à l’infrastructure.

Il y a eu beaucoup de changements au cours des cinq dernières années seulement, selon Tiina Perttula, présidente du comité directeur de buildingSMART International pour l’InfraRoom.

« C’est incroyable de voir jusqu’où nous pouvons aller si nous travaillons ensemble en tant qu’industrie », dit-elle, « surtout par rapport à là où nous étions en 2015. »

Tiina Perttula, présidente du comité directeur de buildingSMART International InfraRoom

Autodesk est toujours aussi engagée dans les données ouvertes aujourd’hui, que le jour où nous avons cofondé l’IAI. Notre technologie AEC est conçue pour l’interopérabilité et prend en charge le standard IFC dans plus de 14 de nos applications. Un exemple de flux de travail de conception de pont a démontré une intégration transparente d’un pont modélisé dans InfraWorks pour une utilisation dans Civil 3D et Revit. En exploitant un moteur IFC dans Dynamo, le modèle Revit peut être exporté vers de nouveaux éléments IFC Bridge pour une utilisation dans un logiciel en aval ou une visionneuse IFC gratuite. Un prototype similaire préparé par l’Université de Cardiff à l’aide du moteur open source IFC d’Autodesk Revit permet d’exporter un modèle Revit Ports and Waterways vers un fichier IFC 4.3.

Conception de pont dans InfraWorks
Modèle de pont importé d’InfraWorks vers Revit
La boîte à outils Dynamo est utilisée pour l’automatisation de la conception du pont et l’export d’un IFC4.2 correct
D’autres intervenants peuvent alors utiliser une visionneuse gratuite, telle que cette visionneuse xbim. Images avec l’aimable autorisation de l’Université Technique de Munich (TUM)

REGARDER L’AVENIR AVEC LES IFC ET LES NORMES OUVERTES

Avec Autodesk, un grand nombre d’éditeurs de logiciels aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Europe et en Asie-Pacifique participent à la mise en œuvre pilote du standard IFC 4.3 de buildingSMART et de scénarios d’utilisation mis à dispositions par des maîtres d’ouvrage de projets d’infrastructure ou des acteurs de la conception et de la construction du secteur. Ce travail sur les plateformes ouvertes ne s’arrêtera pas lorsque l’IFC 4.3 sera finalisé. buildingSMART a développé une feuille de route qui vise à rendre l’IFC plus applicable pour aujourd’hui et pour l’avenir. Cela pourrait être l’IFC 5 ou avoir un autre nom, mais il englobera des améliorations supplémentaires pour les éléments de construction ainsi que pour les routes, les ponts, les voies ferrées, les ports et les tunnels, et peut potentiellement tirer parti des nouvelles technologies pour l’IFC.

Pour soutenir ses investissements dans des flux de travail ouverts, Autodesk a créé un groupe de travail interne consacré aux IFC pour les Infrastructures et a établi des collaborations avec des organisations externes clés telles que les établissements d’enseignement supérieur, en particulier l’Université Technique de Munich (TUM) qui dirige une grande partie des efforts de développement de l’IFC 4.3. En septembre 2020, Autodesk a également annoncé un partenariat avec l’Open Design Alliance (ODA), qui promeut des formats de fichiers unifiés et l’ouverture.

La collaboration avec buildingSMART et l’obtention de la certification IFC ne concernent pas seulement les bons flux de travail. L’engagement d’Autodesk en faveur des standards ouverts repose sur un engagement continu à créer un environnement mieux construit pour l’avenir. Les flux de travail BIM basés sur des normes ouvertes joueront un rôle clé dans la réduction de la complexité de l’intégration des parties prenantes pluridisciplinaires à différentes étapes du processus. De plus, disposer de données structurées cohérentes, à jour et approuvées est une condition préalable pour atteindre l’objectif des jumeaux numériques et au final des infrastructures plus intelligentes.

Article rédigé par Marek Suchocki, BEng CEng CITP FBCS FICE MCInstCES
Infrastructure Industry Engagement Lead, Autodesk

Marek est titulaire d’un diplôme en génie civil, est ingénieur agréé, professionnel informatique agréé, membre de la British Computer Society, membre de l’Institution of Civil Engineers (ICE) et membre de la Chartered Institution of Civil Engineering Surveyors (CICES). Marek siège à des groupes d’experts au sein du CICES, de l’ICE, de la UK BIM Alliance, de la buildingSMART InfraRoom et du British Standards Committee qui a rédigé les normes BIM britanniques et la série de normes ISO 19650.

Source de l’article en anglais ici.

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