Interview Startups – Etudes et automates, optimiser les workflows BIM des entreprises avec des développements puissants et innovants !

Nous recevons cette semaine les fondateurs d’une startup française prometteuse « Etudes et automates », qui propose de véritables services à valeur ajoutée pour les architectes, ingénieurs, BET, agences, entreprises du BTP qui sont passés au BIM et qui souhaitent optimiser leurs workflows et process de travail : François-Gabriel Perraudin et Benoît Favre.

Benoit Favre, ingénieur et fondateur
benoit.favre@etudesetautomates.com
06 60 06 92 80
linkedin.com/in/benoit-favre-1b94514

François-Gabriel Perraudin, architecte
fg.perraudin@etudesetautomates.com
06 21 63 66 05
linkedin.com/in/francoisperraudin

Site web : http://www.etudesetautomates.com/

Bonjour François-Gabriel et Benoît, bienvenus sur ABCD Blog, c’est un plaisir depuis ces nombreuses années où nous entendons parler de vous. Pourriez-vous tout d’abord svp vous présenter l’un et l’autre et nous expliquer brièvement vos formations et votre parcours d’avant votre startup ?

FG : Bonjour Emmanuel et un grand merci de nous recevoir ! J’ai commencé en tant qu’Architecte spécialisé en développement durable et j’ai doucement mais sûrement dérivé vers la modélisation 3D et le BIM, tout en pratiquant la programmation informatique dans mes temps libres… Un joli mélange de compétences qui s’articulait autour d’une vision systémique du métier d’Architecte…

Benoit : Bonjour Emmanuel ! De mon côté je viens des entreprises de la construction. Après des études d’ingénieur, j’ai travaillé pendant sept ans sur chantier chez Bouygues Construction, puis trois ans comme responsable de la cellule chiffrage de Demathieu Bard Construction en Ile-de-France. Puis un jour, j’ai décidé de me plonger dans le code.

Avez-vous toujours été passionnés par le BIM, le BTP et le développement ?

FG : J’ai découvert le BIM en 2009 au Royaume-Uni, alors que le pays du Cheddar mettait en place son plan BIM, et je suis tombé amoureux de la démarche… J’ai tout de suite vu le potentiel pour une approche enfin structurée de l’ensemble du projet architectural, et je n’en ai plus jamais démordu.

Benoit : Passionné par la construction, toujours ! Pour ce qui concerne la tech et le BIM, mon approche est plus raisonnée : si cela fait gagner du temps, simplifie les process, facilite les décisions, etc… : oui. Mais je ne suis pas un technophile convaincu.

Comment vous êtes-vous rencontrés et qu’est-ce qui vous a décidé à fonder votre startup ?

Benoit : J’avais demandé à Demathieu Bard de faire une année à mi-temps pour me consacrer à un projet personnel sur le sujet du BIM et de la programmation en BIM. Pendant cette année, j’ai rencontré Lionel Blancard de Léry qui m’a proposé de travailler depuis son atelier d’architecture (atelier BLM) à Montparnasse et je l’en remercie. C’est à cette occasion que j’ai rencontré François-Gabriel qui travaillait sur le poste à côté du mien, comme BIM manager d’Atelier BLM. Nous avons discuté d’un projet commun et décidé de sauter le pas ensemble !

FG : On s’est tout de suite bien entendus, Benoit n’est pas si ingénieur que ça et je ne suis pas tant architecte non plus… On ne s’est jamais vraiment demandé si on partageait la même philosophie, c’était une évidence : Une étape technologique essentielle dans la transition numérique de l’industrie du bâtiment était en train de se franchir avec le BIM, et le potentiel de l’alliance d’une algorithmique intelligente avec des maquettes de mieux en mieux renseignées est illimité….

Parlez-nous d’Etudes et Automates. Quelle est sa vocation et quelles sont ses missions et services ?

FG : Notre rôle ? Vous faciliter la vie. Nous sommes des gens du métier (un architecte et un ingénieur construction), et nous voyons enfin la possibilité de faciliter le travail de tout le monde. Le BIM permet enfin de traiter le projet comme un objet intelligent, ce qui nous permet notamment d’automatiser une grande partie des tâches auparavant rébarbatives et ingrates. Pourquoi passer des heures à faire des plans de vente au lieu de travailler sur une conception architecturale plus fine, plus sensible ?

Benoit : Et donc notre vocation c’est d’automatiser toutes les tâches qui se répètent d’une opération à l’autre et qui sont spécifiques au marché français. Ce sont des sujets qu’Autodesk ne traite pas car spécifiques au marché français, ce qui ne veut pas dire qu’ils ne font pas gagner beaucoup de temps une fois qu’un plug-in est en place.

Quels sont respectivement vos rôles ?    

Benoit : Je m’occupe du développement commercial, de l’administration de l’entreprise, et je fais du développement informatique quand je peux.

FG : Il minimise son rôle, nous sommes avant tout deux penseurs idéalistes. On rêve de l’outil qui rend le travail plus agréable, plus qualitatif et plus intelligent. On imagine, on écrit, on compare nos notes, puis nous nous attaquons aux problématiques les plus flagrantes. Benoît est l’ingénieur qui prépare le moteur le mieux rôdé possible, et je fais en sorte qu’il soit agréable et facile à utiliser.

Qu’est-ce qui fait qu’à un moment, on décide de passer au développement ? C’est un autre métier et un autre environnement, n’est-ce pas ?

Benoit : Et c’est ce qui est passionnant au départ ! On découvre tous les jours des nouveaux trucs, de nouvelles fonctions, des façons de coder plus efficaces ou moins consommatrices de ressources ! Et puis on peut arriver, seul ou en petits groupes, à monter des projets ambitieux qui donnent un résultat assez impressionnant. Un peu tout le contraire de la construction, où il faut de très nombreux acteurs pour construire un bâtiment.

FG : le code, je connaissais déjà… Ici c’est une autre étape de développement, nous nous appuyons essentiellement sur une architecture complexe et riche en ressources : le logiciel Revit de chez Autodesk. C’est cette fondation solide qui nous permet de dépasser les limites du simple codeur, et notre talent est de s’appuyer sur notre expertise du métier, du logiciel (je suis certifié Autodesk Expert Elite) et de la programmation pour offrir – enfin – des outils parfaitement adaptés à une industrie, un besoin et un utilisateur.

Quels sont les ratios entre coaching, formation, développement, et accompagnement au sein de votre proposition de valeur ?

Benoit : Aujourd’hui nous continuons à réaliser des prestations auprès de nos anciens employeurs et quelques clients. Notre premier plug-in relatif aux plans de vente devrait néanmoins réaliser quasiment la moitié de notre chiffre d’affaire dès l’année prochaine. Et nous avons besoin de réaliser de la formation et de l’accompagnement pour l’autre moitié de notre chiffre d’affaire. Ce qui nous laisse autour de 30 à 40% de notre temps pour développer et préparer l’avenir et nos futurs plug-ins.

Selon vous quel est actuellement la solution BIM la plus développée et puissante du marché et pourquoi ?

FG : Nous travaillons uniquement sur Revit, et cela pour plusieurs raisons. D’abord parce que je suis Expert Elite Revit et que c’est sur ce logiciel que j’ai travaillé depuis quelques années.

Benoit : Par ailleurs, nous avons sondé à peu près la totalité des 200 premiers architectes de France réalisant des opérations de logement. Il en ressort que selon nos chiffres environ 70% travaillent avec Revit. Le choix de ce logiciel était donc naturel.

FG : Enfin, élément très important pour nous, Revit propose un environnement de programmation ouvert, un support en ligne, et une communauté de programmeurs active. Tous ces éléments facilitent le développement de plug-ins pour Revit.

Vous avez justement développé deux plugins clés pour Revit, qui ont une vraie valeur ajoutée, pouvez-vous nous en parler de manière un peu détaillée svp ?

Benoit : Notre premier plug-in automatise la production des plans de vente de logements collectifs. Vous savez, ces plans 2D que vous signez lorsque vous achetez un logement en Futur Etat d’Achèvement.

FG : Lorsqu’on réalise une maquette Revit d’une opération de 100 logements, mettre une semaine à réaliser les plans de vente un par un nous a semblé dès le départ une hérésie. Nous avons donc développé un algorithme qui permet de réaliser automatiquement la plupart des tâches qui constituent la réalisation d’un plan de vente : tout d’abord le détourage automatique du logement, basé sur un paramètre des pièces ou espaces ; la cotation automatique de chaque pièce et le placement des étiquettes de pièces ; puis la création de chaque présentation incluant la vue en plan précédemment détourée, un plan de repérage du logement, le cartouche du plan de vente, les nomenclatures nécessaires pour réaliser le tableau de surfaces du plan, etc… Cette dernière étape est basée sur un modèle réalisé par le client avant lancement du plug-in.

Benoit : nous avons aussi réalisé depuis quelques mois un nouveau plug-in qui permet de sortir rapidement un tableau de portes Excel depuis une maquette Revit. Ce plug-in ressemble à BIM-Link par exemple puisqu’il permet d’extraire toutes les données des paramètres des portes du projet, de leur famille, mais aussi des pièces situées de part et d’autre de la porte et du mur hôte de la porte. Mais notre plug-in permet surtout de sortir automatiquement une vue en plan cadrée sur chaque porte du projet qui est intégrée dans le tableau Excel. Dans une perspective d’exécution du chantier, la vérification des données extraites du modèle nous semble au moins aussi importante que leur extraction, ce qui explique le choix d’extraire un visuel de chaque porte. Ainsi l’entreprise qui réalise les tableaux peut facilement vérifier que la porte considérée est bien insérée dans un mur béton (ça se voit dans l’extrait de plan), si elle est gauche ou droite poussant, etc… autant d’informations qu’un tableau extrait par BIM-Link mettrait très longtemps à vérifier.

Par la suite, le plug-in permet de réintégrer des données remplies dans Excel dans la maquette Revit. Un exemple de données est un numéro d’identification ce qui permet de créer (dernière fonctionnalité de l’outil) un plan de repérage dans Revit à partir des numéros d’identification donnés dans Excel.

Quel est le coût de ces solutions ?

Nous avons développé en 2019 une solution informatique de paiement « au résultat » que nous utilisons autant que possible pour la facturation de nos plug-ins. Ainsi, le plug-in relatif aux plans de vente permet de facturer chaque appartement réalisé avec notre outil, au prix de 9,50€ HT par plan pour les 200 premiers plans réalisés, puis 6,50€ HT pour les suivants. Pour le tableau de portes, nous discutons avec les premiers utilisateurs pour trouver une formule qui satisfasse tous les acteurs.

Aux détracteurs qui diront « On peut le faire avec Dynamo », que répondez-vous ? Pouvez d’ailleurs pour les néophytes, expliquer les avantages entre un développement sur les APIs, un script Dynamo, et éventuellement des macros ?

En effet on peut tout faire sur Dynamo, et nous travaillons à l’occasion sur Dynamo nous-mêmes. Au fond, Dynamo est un produit excellent pour réaliser des scripts légers, de façon rapide et efficace.

Mais l’API de Revit nous semble être un outil bien plus puissant, et est nécessaire dès que le projet à programmer devient complexe. Dès que la complexité augmente, travailler avec Dynamo devient pénible : d’une part, les fonctions sont peu documentées, ce qui ralentit la programmation ; l’avantage de Dynamo, à savoir son aspect visuel, devient un handicap dès que le projet est complexe (comment se retrouver dans toutes ces boites ?) ; enfin et surtout, le débogage dans Dynamo est beaucoup plus lent que sur l’API.

A ces évidences s’ajoute un sujet qui relève de notre rôle : nous ne sommes pas BIM Manager d’une agence unique ce qui signifie que notre algorithme doit pouvoir s’adapter à toutes les méthodes de travail des architectes (qui sont souvent imaginatifs). De ce fait, nous avons besoin d’intercepter de très nombreuses exceptions (par exemple : si votre modèle de plan de vente n’est pas suffisant, si nous ne trouvons pas de murs dans la maquette, si la maquette est vide, etc…) sans faire planter le plug-in, ce qui est plus naturel dans l’API que dans Dynamo.

Pouvez-vous justement développer n’importe quel type d’application/plugin pour Revit pour répondre aux besoins de vos clients ?

N’importe quel type d’application, sans doute pas. Mais nos deux premiers plug-ins, ainsi que ceux à venir (qui concernent les lots techniques) nous ont donné accès à de nombreuses parties de l’API de Revit : le travail sur les vues, les nomenclatures, les présentations ; l’interface entre Revit et Excel ; l’extraction de vues depuis Revit ; la réalisation d’interfaces entre site web et Revit ; etc…

Bref, aujourd’hui nous avons une vue très large de ce qu’il est possible de faire et surtout d’automatiser avec Revit. Et les applications sont réellement énormes, depuis l’industrialisation du bâtiment jusqu’à l’automatisation de certaines parties de la conception, l’aide à la décision, etc…

Vous avez aussi développé une magnifique solution de visite virtuelle (RV) basée sur Autodesk A360 Rendering et Autodesk Forge. C’est bluffant. Pouvez-vous nous en dire quelques mots et nous dire les avantages et le coût ? A qui s’adresse-telle principalement ?

FG : Nous avons développé cette solution lorsque nous avons essayé les nouvelles solutions de Render en ligne mises en place sur Revit 2019, sans passer par des surcouches de rendu type Lumion, VRay ou Enscape. Lorsque nous avons fait nos premiers essais, nous avons été impressionnés par la qualité de rendu que nous pouvions atteindre. Puis nous nous sommes amusés à assembler des vues 3D pour réaliser des visites virtuelles d’appartement en point fixe.

BF : L’idée que nous avons eue était la suivante : aujourd’hui les visites virtuelles sont  réalisées par des graphistes qui recommencent de 0 à chaque projet, en utilisant des logiciels comme 3ds Max qui ne sont pas conçus pour être programmés à la mesure de Revit. Notre idée au contraire était d’automatiser tout ce qui pouvait l’être grâce à Revit, étant entendu que tout le process de production restait à l’intérieur de cet outil. Et nous avons ainsi automatisé la majeure partie des étapes de production d’une visite virtuelle : la création des points de vue ; la pose du mobilier et des textures (étape la plus longue) ; l’assemblage des vues via un site internet par l’intermédiaire de A360 ou demain de Forge.

FG : en automatisant ces tâches, nous réduisons le coût de visites virtuelles énormément, tout en conservant selon nous une qualité acceptable par le client final. Aujourd’hui, nous sommes ainsi capables de réaliser les visites virtuelles d’une opération de 50 logements à moins de 500€ HT par logement, ce qui permet de réaliser la modélisation de TOUS les appartements et non de l’unique T5 avec vue sur la Tour Eiffel du dernier étage. Ce qui permet à l’acheteur futur de visiter SON appartement et pas celui du voisin ! Et bien sur de s’y projeter, puis de le personnaliser, de le meubler virtuellement, etc…

Quels sont vos projets de développement futurs ? Et quelle est votre vision des évolutions technologiques de demain ?

BF : Nous travaillons actuellement sur le lot électricité pour lequel nous travaillons à des algorithmes de placement automatique des terminaux électriques. Nous espérons pouvoir intégrer cette solution dans une solution sur le lot électricité plus complète permettant d’accélérer l’étude du lot électricité pour les logements.

FG : Et de façon plus large, nous croyons que la possibilité d’intégrer des algorithmes dans la conception des bâtiments va changer notre industrie d’une façon qui reste inimaginable aujourd’hui. De ce point de vue, Revit a une longueur d’avance sur tous les autres logiciels que nous connaissons, car son API est ouverte ce qui permet de créer des algorithmes simplement.

BF : De ce point de vue, nous voyons 5 niveaux d’avantages liés au BIM :

  1. Le BIM c’est avant tout la possibilité d’extraire de la 3D simplement (premier niveau) ; ainsi vous pouvez plus simplement choisir entre deux formes de bâtiment, faire la synthèse, etc… ;
  2. Puisque c’est une base de donnée qui est à la base de la modélisation, cela permet d’extraire des données plus simplement ; on se rend ainsi compte que de très nombreuses données géométriques sont ainsi dessinées par les architectes, qui peuvent être extraites automatiquement et qui ne le sont pas. Voir par exemple le sujet du tableau de portes.
  3. Il est possible d’automatiser certaines tâches de conception ou d’exécution, comme par exemple notre algorithme d’automatisation des plans de vente. Quelques bémols : il est nécessaire de s’adapter à la modélisation, ce qui est compliqué, et pas le contraire.
  4. L’automatisation de tâches abaisse les coûts et réduit les temps de réalisation, ce qui créé de nouveaux usages. L’exemple des visites virtuelles est selon nous intéressant à cet égard : le fait de baisser le coût de production permet la généralisation de ces visites virtuelles.
  5. Le travail collaboratif permet d’accélérer les études des projets notamment grâce aux plateformes BIM.

Que souhaiteriez-vous partager avec nos lecteurs ?

Nous vivons des temps excitants en termes de technologie. Beaucoup ont peur de la révolution numérique. En effet, la tâche est immense, et on est assailli de promesses et d’élucubrations sur ce que le BIM permet de faire. Il faut rassurer les acteurs de la construction, la transition est progressive, et personne n’est en retard. Par contre il faut entamer cette transition maintenant, progressivement, afin de rester compétitif et en cohérence avec un marché en pleine révolution. Je suis persuadé que d’autres acteurs, comme nous, travailleront à vous simplifier la tâche et à faire en sorte que le passage au BIM soit un avantage et non pas une contrainte. Une fois la transition effectuée, la méthode de travail pré-BIM parait tellement désuète et inefficace !

Connaissiez-vous ABCD Blog ?

Nous travaillons depuis plusieurs années et par conséquent nous ne pouvons pas ne pas connaître ABCD Blog ! D’ailleurs certaines de vos récentes interviews nous ont particulièrement marquées, parmi lesquelles celle de Gonçalo Ducla Soares qui annonce que Bouygues Immobilier sera 100% BIM en 2021. Ce qui augure de grands changements du côté des promoteurs, et surtout la bascule réelle du marché vers le BIM que nous appelons de nos vœux !

François-Gabriel et Benoît, merci beaucoup. Nous vous souhaitons beaucoup de succès sur cette route du BIM.

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