Interview Art Graphique et Patrimoine – L’excellence de la restauration des monuments historiques se conjugue en digital et en BIM de manière magistrale !

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Nous avons cette semaine l’immense honneur de recevoir la Société Art Graphique et Patrimoine, née en 1994 de la passion pour les métiers de la pierre et de la restauration des monuments historiques. Son pôle R&D, spécialisé dans le relevé architectural et archéologique, a contribué au fil des années à l’évolution des techniques digitales pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine. 

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Projet par projet, entre savoir-faire traditionnel et esprit novateur, Fondée par Gaël Hamon, AGP a collectionné plus de 1500 références prestigieuses en France et à l’étranger. Aujourd’hui elle est considérée comme l’un des leaders en France dans son métier.

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Gaël Hamon – fondateur et dirigeant

Pour comprendre et découvrir leur savoir-faire, nous avons cette semaine le plaisir de nous entretenir avec :

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Chiara Cristarella Orestano

Responsable Communication et développement d’AGP

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Esther Selo, Architecte chef de projet, Responsable du pôle BIM d'AGP

Place à l’interview !

Bonjour Chiara et Esther,

Nous avons le grand plaisir de recevoir cette semaine, la Société Art Graphique & Patrimoine dont vous êtes les représentantes communication et technique et qui œuvre essentiellement dans le domaine du patrimoine historique, mais vous allez nous faire découvrir tout cela.

La capture de la réalité au laser ou par drone et la rétro-conception BIM dont vous êtes les pionniers et pour lesquels vous excellez sont de plus en plus utilisées. L’utilisation de ces deux approches innovantes alliée à la compétence de vos métiers d’origine, architecture et archéologie est un fabuleux cocktail qui donne des résultats incroyables.

 

Tout d’abord Chiara, pouvez-vous nous présenter la Société Art Graphique et Patrimoine et ses secteurs d’activités et ses éléments différentiateurs ? Que faites-vous précisément ?

Art Graphique & Patrimoine est aujourd’hui l’entreprise leader en France dans la numérisation 3D du patrimoine culturel. Nous réalisons la reproduction numérique des monuments historiques (du dessin 2D au modèle 3D et BIM), à partir de mesures de précision infra millimétrique – en lasergrammétrie, photogrammétrie, photogrammétrie aérienne, vidéogrammétrie. Nous opérons pour la préservation du patrimoine et pour sa mise en valeur grâce au numérique. Nous accomplissons cette mission à travers trois typologies de services : le relevé et numérisation 3D de monuments et d’œuvres, la modélisation BIM et la reconstitution 3D historique, le développement d’applications de médiation (en réalité augmentée, mixte, VR).

Nous avons également un pôle international qui mène notre expertise dans le monde, notamment pour la sauvegarde du patrimoine (archéologique ou pas) en péril.

Ce sont la haute qualité de notre travail et la fidélité scientifique – historique de nos restitutions qui nous différencient, ainsi qu’une équipe unique avec des compétences très diversifiées.
Chez AGP, de la direction à la production, nous avons tous une double casquette : spécialisés à la fois dans les métiers de la culture (l’histoire, l’art, l’archéologie, la restauration…) et dans les professions techniques (ingénierie, topographie, infographie, dessin, BIM, programmation informatique…), nous sommes de véritables experts du patrimoine.

 

Et vous Chiara, quelle est votre formation d’origine et votre rôle au sein d’Art Graphique et Patrimoine ?

J’ai un master en archéologie au sein de l’université de Pérouse, en Italie, et une formation dans la mise en valeur touristique culturelle. Ensuite, j’ai suivi en France un mastère spécialisé en marketing et management pour les biens culturels, auprès de l’ESCP Europe de Paris. Chez AGP, je suis responsable du pôle communication et marketing.

 

Votre formation d’archéologue et vos origines italiennes ont-elles été un point fort pour travailler dans ce domaine car on sait que l’Italie est le berceau de l’art et de l’architecture en Europe et que la préservation du patrimoine y est très important ?

Ma formation en archéologie et mes origines italiennes m’ont sans doute donné cette sensibilité pour le patrimoine culturel qui caractérise fortement l’activité de la « famille » d’AGP : nous partageons tous ce même regard, c’est quelque chose que l’on peut difficilement apprendre si on ne vient pas du secteur culturel.

 

Comment Art Graphique et Patrimoine est-elle née et qui sont ses créateurs ? Et pourquoi la technologie y a-t-elle un rôle clé ? Etait-ce ainsi dès le début ?

AGP naît en 1994 dans le domaine du relevé pour la restauration des monuments historiques, à des fins de conservation et d’étude.

Fondée par Gaël Hamon, tailleur de pierre et appareilleur (médaille d’or et meilleur tailleur de pierre international aux Olympiades des Métiers), l’entreprise a toujours révélé l’attitude novatrice et l’esprit d’expérimentation qui la caractérisent encore aujourd’hui. Nous avons été pionniers des technologies de mesure en scanner laser, de la numérisation 3D des œuvres d’art, du BIM pour le patrimoine, de la reconstitution 3D historique des sites historiques, de la réalité augmentée et VR.

Certains de nos projets phares (la numérisation 3D du Mont Saint Michel, du Pont du Gard, de la Victoire de Samothrace, l’application RA Jumièges 3D) sont considérés comme des jalons dans le secteur.

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Pourtant, la technologie pour nous n’est pas toujours la réponse, mais plutôt un moyen, qu’il faut adapter en fonction des besoins de chaque site.

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Combien êtes-vous dans l’entreprise et comment êtes-vous organisés ?

Aujourd’hui nous sommes 25, répartis en trois pôles d’activité, mais tous polyvalents.
Le pôle BIM est constitué de 3 architectes à temps plein, 2 infographistes et dessinateurs, en plus de l’équipe des ingénieurs géomètres topographes qui gèrent le relevé de terrain.

 

Esther bonjour, pouvez-vous vous présenter et nous parler vous aussi de votre parcours et votre arrivée chez Art Graphique & Patrimoine ?

Arrivée en 2015 chez AGP, je suis architecte de formation. J’ai d’abord travaillé en agence sur des concours et des projets pour des particuliers, et je me suis plus particulièrement intéressée aux enjeux de la réhabilitation et de la valorisation du patrimoine. J’ai réalisé des relevés et diagnostics d’édifices existants pour des architectes du patrimoine, et je me suis formée aux techniques et outils numériques afin d’améliorer mon expertise.

Depuis mon arrivée chez AGP, j’ai consolidé le pôle spécifique du BIM en plein essor.

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Connaissiez-vous le BIM avant d’arriver ici ? Et comment une architecte arrive-t-elle au service du patrimoine ? Etait-ce une passion de longue date ?

Le Building Information Modeling était connu en tant que processus de travail, il ne portait pas encore le nom de BIM à cette époque. C’était déjà collaboratif, c’est-à-dire qu’on réalisait déjà certains ouvrages en 3D à destination des corps de métiers : bureau d’études, entreprises … Mais les outils actuels permettent d’aller au-delà, ils permettent d’optimiser les échanges.

J’ai eu la chance de travailler sur des projets comme le Château de Suscinio, la Morrhonnière, le Couvent des Jacobins (centre des Congrès de Rennes).

Il est vrai que je deviens toujours plus passionnée avec le temps : les projets sont captivants et jamais identiques.

 

Vous avez suivi le mastère BIM je crois. Quels souvenirs et expérience en avez-vous tiré ?

C’est une excellente expérience, j’ai rencontré des personnes aux profils très différents toutes motivées et intéressés par le BIM. Cet enrichissement universitaire est très positif, et formateur. L’apport pratique des ateliers menés à l’ESTP, m’a permis de tester les processus BIM sur un cas d’étude concret. Et c’est là tout l’intérêt de la formation à la fois théorique et pratique.

 

Comment se concrétise l’utilisation du BIM pour la reconstitution du patrimoine ? Pourriez-vous nous expliquer le processus type d’une reconstitution ?

La spécificité du processus BIM d’AGP consiste dans la réalisation de nos propres relevés en nuage de points, qui servent de base de travail à la rétro-conception, c’est-à-dire la modélisation sur le nuage de points.

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Les phases et processus s’enchaînent passant d’un spécialiste à un autre en fonction de l’évolution du projet. C’est pour cela que nous avons au sein de notre team des architectes, des tailleurs de pierre et des ingénieurs géomètres topographes apportant leur expertise métier.

Nous avons à cœur de valoriser nos projets, et nous réalisons des prestations complètes comprenant le calcul d’ortho-images, la production de visualisateurs type webshare, également utiles aux autres intervenants du projet.

 

La partie fastidieuse est-elle plus le scan ou alors la ré-modélisation ou rétro-conception ?

Le scan peut s’avérer fastidieux si le terrain ou l’ouvrage présentent par exemple des contraintes d’accès. Il faut faire en sorte que les contraintes d’acquisition ne soient pas gênantes pour la restitution en maquette.

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Palais d’Antin – Grand Palais

Dans le processus de rétro-conception, on rencontre des formes spécifiques au patrimoine qui sont parfois très difficiles à restituer avec les outils paramétriques : il faut dans ce cas adapter les méthodes au cas étudié.

 

Qui sont vos clients typiquement ? Des maitres d’ouvrage ? Des architectes ?

Pour le BIM, nos clients sont des architectes du patrimoine, des bureaux d’études, des gestionnaires du patrimoine public et privé, mais aussi des maitres d’ouvrages publics qui veulent mettre en place une gestion « efficiente » du bâtiment.

 

Pouvez-vous nous parler des projets qui vous tiennent à cœur ? De ceux qui ont fait votre gloire au début et des nouveaux assez récents qui semblent exceptionnels ?

Le premier projet phare d’AGP a été la modélisation BIM du Palais d’Antin, Palais de la découverte, mené en 2010 dans le cadre d’une expérimentation : le projet Callisto SARI, labellisé par les pôles de compétitivité Cap Digital et Advancity. Avec des nombreux partenaires nous avions mis en place une salle de réalité virtuelle au sein de la Cité des sciences et de l’industrie, permettant de simuler la visite en temps réel, à l’échelle réelle, de l’intérieur du monument. C’était l’un des premiers projets BIM dédié à un monument historique : une restitution très détaillée de ses formes complexes.

Palais d'Antin_BIM_Art Graphique&Patrimoine

Parmi nos projets les plus récents, nous venons de terminer le BIM pour le Château de Budé, à Yerres, dans le cadre de sa restauration.

Château de Budé_BIM restauration_AGP

Château de Budé, Yerres

Aujourd’hui, nous travaillons sur le BIM pour le diagnostic des toitures du Musée du Louvre, un projet assez passionnant, grandiose, compte tenu des surfaces considérées.

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Toitures du Musée du Louvre

Parallèlement, nous menons le BIM pour le réaménagement de la Gare de Lausanne et deux autres importants projets sur des monuments classés, dans l'enceinte de Paris.

 

Votre travail s’articule autour de Revit essentiellement, pourriez-vous nous en dire quelques mots ?

En ce qui concerne le travail en BIM, nous avons fait le choix de REVIT, car c’est l’outil le plus utilisé par nos clients. La suite proposée nous permet aussi bien de restituer les éléments archi ainsi que la structure et les fluides. En effet, lorsqu’on parle de patrimoine, cela comprend également le patrimoine industriel, où les outils de structure sont très utiles.

Nous avons également recours aux modélisations « in situ » pour les éléments spécifiques, pour lesquels les outils paramétriques ne nous offrent pas la précision souhaitée.

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Quelles autres solutions Autodesk utilisez-vous et qui sont importantes au quotidien ?

Nos équipes utilisent Autodesk AutoCAD depuis la création de l’entreprise, pour la réalisation de tous les relevés et dessins de monuments historiques (cathédrale, château, palais, hôtel particulier, décors, sculptures…).

Un peu plus récemment, dans le cadre de notre activité de médiation culturelle, nous avons adopté et nous utilisons toujours les logiciels Autodesk Maya et Autodesk 3ds Max pour la modélisation 3D de sites et d’objets, d’œuvres d’art, et pour les restitutions 3D historiques destinées à être intégrées dans des applications de visite et films de médiation.

 

Utiliser le BIM dans votre contexte, était-ce un défi ou était-ce naturel ?

Utiliser le BIM devient naturel car nous sommes formés en Ecole d’Architecture aux outils 3D. Lorsque nous sommes confrontés au patrimoine, nous adaptons nos méthodes de travail. Donc nous sommes proches du processus BIM. Aujourd’hui, c’est un défi sur des ouvrages tels que le Louvre…

Toitures_Louvre_BIM_AGP

 

Comment vous organisez-vous autour du BIM ? Est-ce similaire au travail en agence ? Ou totalement différent ?

L’organisation globale est effectivement similaire au travail en agence, bien que l’on s’arrête à l’étape de relevé. Nous organisons des revues de maquettes pour assurer la conformité de la demande client.

Nous avons nos procédures d’autocontrôle pour s’assurer de la précision du modèle, toujours plus proche du réel. Nous faisons des réunions avec les maitres d’ouvrages pour coordonner et les accompagner sur le projet.

 

Quelle est la réaction de vos clients lorsqu’ils voient ces chefs d’œuvres 3D que vous reconstituez ?

La réaction générale est clairement un « wahoo » ; dans un second temps, nous nous efforçons d’agir en professionnel, en précisant que les niveaux de détails et rendus sont fonction du temps et du coût alloués aux projets. Dans le patrimoine, il faut ainsi agir au cas par cas, par l’établissement en premier lieu des besoins et des priorités de nos clients.

Reconstitution des toitures du Musée du Louvre en BIM et Revit par Art Graphique et Patrimoine

 

Pouvez-vous nous parler de vos applications didactiques de remontée dans le temps en réalité augmentée et nous donner un ou deux exemples ? Cela semble exceptionnel !

En 2009 nous avons conçu le premier prototype de réalité augmentée mobile pour la restitution des décors du Château de Vincennes (le Cabinet de Charles V) sur tablette tactile. Depuis nous avons collecté plusieurs références dans le domaine, aussi bien à l’échelle d’un monument que d’une ville ou un territoire : pour l’abbaye de Jumièges, le Pont d’Avignon, la ville de Poitiers, Perpignan, la Villa Cavrois, le Dôme des Invalides… Les visiteurs peuvent en effet remonter le temps à l’aide d’une tablette tactile et visiter de façon enrichie et ludique chaque site.

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Aujourd’hui nous adoptons ce même concept avec nos dispositifs en réalité virtuelle, pour développer des expériences immersives et impossibles dans la réalité.

 

Quels sont vos éléments différentiateurs par rapport à vos concurrents ?

Pour le BIM, notre avantage est celui de la maitrise de la chaine de rétro-conception, c’est-à-dire de la numérisation 3D de haute précision sur site à la production de la maquette. Nous avons dans nos équipes des spécialistes pour toutes les phases de production qui fait toute la différence par rapport à nos concurrents. Et nous sommes des vrais experts des monuments historiques.

 

Etes-vous tous animés par la passion ? Est-ce extraordinaire de travailler dans un tel environnement avec de tels projets comme le Louvre par exemple ?

Participer à ces projets, tels que l’hôtel particulier que nous modélisons actuellement, est forcément enthousiasmant ! Mais c’est aussi un défi qui nécessite un réel accompagnement des usagers et des maitres d’ouvrages tout au long du projet.

 

Etes-vous en phase d’expansion, notamment à l’étranger ?

AGP exporte son savoir-faire en dehors des frontières de la France depuis 20 ans (nous avons mené des projets de relevé et mise en valeur en Somaliland, en Tunisie, en Afghanistan, en Russie … pour du patrimoine archéologique et non).

Aujourd’hui, c’est un pôle spécifique de l’entreprise qui a repris cette activité ; il est géré par Bruno Deslandes, architecte et ancien consultant auprès de l’UNESCO.

 

Que vous apportent les solutions Autodesk telles que Revit dans votre quotidien ?

La force d’Autodesk et de REVIT est qu’il existe beaucoup de solutions et plug-ins qui peuvent être connectés aux logiciels, tout autant de possibilités pour gagner du temps, réaliser des rendus en infographie, l’automatisation de certaines tâches lorsque cela est possible.

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Quelles sont les futures pistes de développement pour vous après le BIM ? Envisagez-vous par exemple de pouvoir piloter des machines à commande numérique pour tailler la pierre ou imprimer en 3D des pièces de monuments ?

AGP est déjà partenaire de certaines entreprises spécialistes de l’impression 3D. Nous avons déjà eu l’occasion d’imprimer des monuments tels que la porte du Temple de Bêl à Palmyre ou des œuvres d’art comme la Victoire de Samothrace, pour montrer les résultats obtenus grâce à nos modèles hyper précis. Les potentialités pour le BIM à l’avenir permettront d’ajouter une plus-value à la commande pour la maquette imprimée en 3D.

Le BIM sera aussi une fantastique base de données objet pour le suivi des interventions de restaurations et conservations à travers le temps pour transmettre la trace des travaux effectués aux générations futures, la gestion et l’intégration de ces données constitue une autre piste de développement vraiment lié eà notre ADN.

Chiara, Esther, un grand merci pour cette découverte passionnante de votre société fondée par Gaël Hamon. Un grand merci ! Nous sommes certains que nos lecteurs seront émerveillés par cette présentation.

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