Interview BIM Managers – Episode# 2 Daniel Hurtubise, VDC Manager chez Renzo Piano Building Workshop

Nous continuons notre série d’interviews “ BIM Managers ” commencée il y a 15 jours. Nous avons cette semaine le plaisir de converser avec l’un des premiers VDC Managers en France comme il aime à dire, certainement aussi l’un des Experts les plus connus et reconnus chez nous. Il s’agit de Daniel Hurtubise qui a apporté son expertise et son expérience d’Amérique du Nord sur notre Continent et exerce maintenant depuis plusieurs années chez l’un des Grands Noms de l’Architecture, l’Agence Renzo Piano Building Workshop où il a œuvré à la naissance de magnifiques projets BIM en cours de Construction comme le Nouveau Palais de Justice de Paris.

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Bonjour Daniel et merci pour le temps que tu nous consacres aujourd’hui pour ABCD Blog. Tu es VDC Manager chez RPBW, tu as été à l’origine de l’implémentation du BIM à l’Agence, pourrais-tu stp nous expliquer ton rôle et combien de temps cela a pris pour s’implanter ?

Mon rôle est assez diversifié. Il s’étend de la fonction de support à celle d’enseignement, ainsi que de recherche et développement.

Le premier projet sur lequel j’ai travaillé avec RPBW est l’Université Columbia à NYC. Nous avons démarré celui-ci en 2007 et en sommes à notre 3ème et dernier bâtiment sur le projet.

Aujourd’hui, la question ne se pose plus à savoir si nous utiliserons Revit, la question du BIM par contre reste entière selon les projets. Comme nous avons la chance de travailler sur tous les continents, certains pays étant plus structurés, le BIM s’impose defacto.

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Quand es-tu arrivé chez RPBW et qu’est ce qui a été le facteur de ton succès avec le BIM ? Comment t’y es-tu pris ?

Ma première rencontre avec l’équipe de RPBW fut en décembre 2006 suite à ma visite au Revit Day organisé par Autodesk. Nous avons repris contact en janvier 2007 et nous ne nous sommes plus jamais quittés.

Lorsque je suis arrivé chez RPBW, je détenais déjà une expérience nord-américaine et j’arrivais tout juste d’une implémentation d’un an pour une firme américaine à Dubaï.

Les dossiers produits par nos équipes sont considérables et petit à petit, le fait de ne pas devoir redessiner les mêmes éléments (et les coordonner) a fait son chemin. J’ai eu la chance de démarrer l’effort avec une équipe merveilleuse qui s’est non seulement pliée aux règles du jeu, mais a aussi vu très rapidement le potentiel. À partir de là, il nous a fallu maintenir le cap tout au long du projet pour arriver à des résultats positifs. Ces résultats ont trouvé écho vers d’autres projets pour nous mener à ce que nous faisons aujourd’hui.

Combien de personnes travaillent en BIM à l’agence et quels sont tes prochains objectifs ?

L’agence compte environ 80 personnes à Paris dont une soixantaine d’architectes. Comme l’objectif Revit est maintenant atteint, nous nous tournons vers de nouveaux procédés pour faciliter notre travail ou améliorer la qualité de celui-ci.

Nous avons intégré certains autres outils comme Dynamo ou Navisworks. Dans le futur nous continuerons cet effort avec des solutions comme Solibri par exemple. Nous avons aussi commencé à travailler en réalité virtuelle et avec des médias 3D. Nous sommes toujours en veille pour découvrir et tester ce que l’avenir nous réserve.

Il se dit que Renzo Piano est très attaché à la tradition, cela a-t-il nécessité une approche BIM différente ?

Réputation très fondée et nous en sommes très fiers. Nous n’avons jamais laissé l’informatique prendre le pas sur l’architecture et ne le ferons jamais. Ce qui veut donc dire que nous devons plier les lois informatiques pour satisfaire les besoins architecturaux. La différence se trouve donc dans les activités journalières de l’agence où nous faisons vraisemblablement les choses de façon différente.

Est-ce difficile d’imposer une « méthode » et une discipline dans une Agence ?

Ce n’est jamais simple d’essayer de discipliner des architectes… Le défi chez RPBW consiste à trouver une méthode qui nous permette de mutualiser les efforts quel que soit l’équipe, le type de projet ou le lieu de celui-ci. J’ai toujours été partisan de l’effort intellectuel et nous essayons de ne pas contraindre les Architectes avec des règles ou procédés trop complexes. Evidemment, certaines règles sont à suivre pour le bien être de la maquette numérique mais sinon le travail est plutôt libre. Ce qui est intéressant, c’est que cette façon de travailler permet d’être simple tout en étant efficace et collaboratif.

Quels sont les projets qui t’ont le plus marqué ou séduit sur lesquels tu as travaillé en BIM ?

On revient toujours à nos premières amours, l’Université Columbia a été un tournant dans ma vie. Non seulement ce projet m’a permis de m’intégrer chez RPBW, mais il m’a aussi de me créer des amitiés qui restent pour la vie.

Nous sommes aujourd’hui en train de travailler sur le projet de l’École normale supérieure de Cachan à Paris-Saclay avec un client absolument fantastique qui met tout en œuvre pour faire de ce projet un vrai projet BIM comme jamais il n’y en a eu en France. Ce genre de relation reste le point fort de mon travail.

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Comment t’es-tu formé au BIM et à Revit ? As-tu des conseils à donner de ce point de vue-là ?

Comme Obélix je suis tombé dans la marmite en 1999. J’ai fait la connaissance de Leonid Raiz qui est l’un des fondateurs de Revit. À l’époque on ne parlait toujours pas de BIM mais d’architecture paramétrique.

La formation est toujours quelque chose de compliqué. Évidemment, il est toujours une formation qui recoupe la base des différentes technologies utilisés dans nos procédés BIM mais plus en amont il faut trouver les bonnes ressources, et celles-ci se font rares. Pour la formation en entreprise, nous avons adopté la politique de formation interne. Comme nous avons des méthodes et outils très différents des autres, il est pour nous plus efficace de procéder ainsi.

Tu es d’origine Canadienne, où en est le BIM là-bas ? Est-ce plus facile de travailler en BIM ?

Revit et le BIM ont démarré il y a déjà un certain temps dans ce bout de la planète. L’adoption y a été en partie assez rapide mais il manque toujours un vrai contexte légal (comme partout d’ailleurs) pour que ce genre de changement devienne un incontournable. La volonté de travailler en BIM est tout de même présente sur la plupart des projets.

Que penses-tu de l’état d’adoption du BIM en France ? Es-tu optimiste ?

L’adoption se fait lentement, les réactions gouvernementales semblent être un catalyseur dans ce sens. Par contre, la France manque gravement d’expertise et vu la barrière de la langue il semble compliqué de se pourvoir de ressources à l’extérieur, il faudra donc plus de temps.

Il y a définitivement lieu d’être positif, spécialement lorsque vous travaillez avec des clients comme l’ENS qui ont une ferme volonté de réaliser des pas de géants dans le domaine.

Utilises-tu le format IFC pour tes échanges avec les Entreprises ?

Jusqu’à maintenant, nous n’avons pas eu besoin d’utiliser le format IFC pour les échanges, les consultants retenus utilisent la même technologie que nous, Revit. Sans être contre l’idée du IFC, si je peux éviter la traduction d’information pour les échanges, je préfère.

As-tu un jour envisagé de donner des cours BIM dans une Université ?

J’ai déjà un bon bagage académique au Québec et au Canada. Ayant travaillé étroitement avec un revendeur éducation, j’ai aussi eu la chance de former et interagir avec des enseignants de tous les niveaux. Je ne fermerai jamais la porte à la formation académique. Plus celle-ci sera efficace, mieux se portera notre industrie.

Encore un grand merci à toi Daniel pour le temps que tu as consacré à ABCD Blog et à cette interview !

4 réponses sur “Interview BIM Managers – Episode# 2 Daniel Hurtubise, VDC Manager chez Renzo Piano Building Workshop”

  1. Merci Mohamed 🙂 Daniel est effectivemment l’un des Grands BiM Managers en France et gagne à être connu. Bravo à toi aussi pour ton travail sur HexaBIM. Cordialement, Emmanuel

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